microclimat
Avec les mots passe-partout comme le verbe être, le verbe avoir, il y a, très, dire, mettre, au hit-parade, c’est-à-dire, en bon français, au palmarès des termes récurrents figure… microclimat. Aucun reportage local, régional, aucune interview de responsables de comités du tourisme, de syndicats d’initiative ou de municipalités, aucune émission à thème météorologique, sans que revienne en boucle ce vocable ! Cela en devient tout à la fois risible et agaçant, tordant et gonflant, grotesque et irritant…
Certes, il n’y a pas de synonyme pour désigner le « climat d’une unité géographique très restreinte ». Le seul terme approchant est… climat !
De la même façon que chacun peut deviner (certains en font un jeu en famille, avec pari à l’appui ☺ ) les mots précis que va utiliser une femme ou un homme politique, tellement les discours sont convenus1, on en vient également à guetter, sourire sarcastique fin prêt, la première et inéluctable apparition du sempiternel microclimat…
Chaque canton, chaque commune, chaque hameau a-t-il vraiment « son » microclimat ? On pourrait le croire à force d’entendre les propos des uns et des autres vantant avec conviction les avantages propres à son village natal, à son quartier de résidence. On dépasserait donc, en France, les 30 000 microclimats. Alors qu’on s’émerveille déjà sur, dit-on, les 365 fromages produits dans l’Hexagone…
Climat est issu du latin clima, lui-même découlant d’un mot de même sens : « inclinaison du ciel ». D’où l’acception de « partie de ciel », puis de « région, contrée ». Par « les quatre climas du ciel » on a désigné, jadis, les quatre points cardinaux. Parmi les nombreuses significations du mot, on a eu « contrée caractérisée par des conditions météorologiques particulières » et, en sylviculture, « canton de forêt, de bois », tandis que les viticulteurs entendent toujours climat au sens de « parcelle de vigne » : l’Association des climats de Bourgogne a demandé son inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
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1.Et, naturellement, cela s’est accentué avec cette composante de la langue de bois que constituent les « éléments de langage » : ces derniers étant le fruit d’un psittacisme volontaire au sein d’un mouvement politique, d’un syndicat, d’un gouvernement, et même, manifestement, au sein des journalistes de tel ou tel média.
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La citation du jour :
« Pour réussir, ce n’est pas de l’esprit qu’il faut. Mais de la délicatesse qu’il ne faut pas. » (Talleyrand.)