Archives mensuelles : décembre 2022

Le mot du 29 décembre 2022 (3)

La troisième question du jour (et la réponse)


            « Monsieur Colignon,

            Excusez-moi, j’aurais une autre question pour aujourd’hui, SVP.

            À l’instar de « placer la barre haut », ne devrait-on pas écrire « couper les cheveux court », et non pas « couper les cheveux courts » ?   Les adjectifs étant employés comme adverbes…

            Merci ! »

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Mais… si (comme dirait un footballeur connu)…  car « couper les cheveux courts » voudrait dire qu’il faut couper les cheveux qui sont courts, et ne pas toucher aux cheveux longs »… !

Le mot du 29 décembre 2022 (2)

La deuxième question du jour (et la réponse)


            « Bonsoir, Monsieur Colignon,

            Je vous souhaite de finir l’année en beauté, et en douceur !

            Pourriez-vous m’éclairer, SVP ?

            Je tombe sur cette phrase, dans un livre : 

            «  À chaque retrouvailles, nous nous équipions d’un verre… »

            Or retrouvailles est un mot exclusivement au pluriel. On ne peut, bien sûr, pas accorder le pronom : « À chaques retrouvailles ».

            L’auteur aurait-il pu ruser, en écrivant : « À chacune de nos retrouvailles » ?…

            Merci beaucoup ! »

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Non : il est IMPOSSIBLE d’écrire « à chacune de nos retrouvailles » !

Il aurait fallu écrire :

Lors de  (ou : des) retrouvailles, nous nous équipions…

Pour les (ou : des) retrouvailles, nous nous équipions…

Le mot du 29 décembre 2022 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Bonjour, Monsieur Colignon,

            Merci encore pour votre aide précieuse et indéfectible. 

            Dans cette phrase, mettriez-vous une virgule après le mot cinq, s’il vous plaît ?

            =  « Je distingue quatre, peut-être cinq lettres. »

            Bon après-midi ! »

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            Oui, car, sinon, la phrase perd sa logique.  On l’interrompt brutalement : « Je distingue quatre. »   (« quatre » quoi ??…)   Il faut adopter une ponctuation qui respecte le suivi logique. Le plus généralement, il y aura deux virgules : « Je distingue quatre, peut-être cinq, lettres », ou deux tirets : « Je distingue quatre  −  peut-être cinq   −   lettres ». La mise entre parenthèses est  licite, aussi :  « Je distingue quatre (peut-être cinq) lettres »

Le mot du 27 décembre 2022 (1)

La citation du jour

“Une gare est le plus bel endroit pour des retrouvailles, parce que c’est normalement le lieu des séparations. En se retrouvant dans une gare, on a l’impression de conjurer le mauvais sort.”

(Daniel Poliquin, Visions de Jude.)

Le mot du 26 décembre 2022 (1)

La  question du jour (et la réponse)

       « Bonjour, Monsieur Colignon,

       Tout d’abord, j’espère que vous allez bien en cette toute fin d’année, et je vous souhaite de passer un joyeux Nouvel An en famille ou entre ami(e)s.

       Mais, avant de clore cette année 2022, j’ai une dernière question à vous poser au sujet du mot « glamour » : est-il nom commun et adjectif, ou seulement nom commun, comme je le pense ? Tous mes dictionnaires et recherches sur Internet définissent ce terme en tant que nom commun, or combien de fois vois-je ce mot employé en tant qu’adjectif, comme dans l’expression suivante récemment rencontrée « la ville la plus glamour du monde » ! L’adjectif dérivé de ce nom n’est-il pas « glamoureux » au masculin et « glamoureuse » au féminin ? Si oui, ne faudrait-il pas écrire, dans le cas cité, « la ville la plus glamoureuse du monde » ?

       Dans l’attente de  votre réponse, recevez, Monsieur Colignon, mes meilleures pensées. »

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…   Certes, mais la quasi-totalité des dictionnaires donnent sans réserve l’emploi dit  « en apposition »    (« style glamour ») … ce qui ne présente guère de différence avec un emploi d’adjectif.

…   Certes, mais les sites en ligne de certains dictionnaires mentionnent bien « glamour » comme étant aussi un adjectif.  Egalement des sites très sérieux traitant de questions de français.

…   Oui, « glamoureux/euse » est souvent donné comme adjectif…  mais je ne vois guère d’utilisation.   En revanche, personnellement, je distingue une nuance certaine :

– est qualifié de « glamour », de façon neutre, ce qui relève du glamour;

–  est qualifié de « glamoureux », avec une connotation tangible dépréciative, critique, ironique, ce qui relève des aspects éventuellement excessifs, risibles, du glamour.

Bien cordialement.

Le mot du 25 décembre 2022 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Bonjour, monsieur Colignon,

            J’ai deux questions sur les majuscules, s’il vous plaît.
            1- Faut-il une majuscule à mer dans la « Mer du Sud », ancienne appellation de l’océan Pacifique
            2- Comment écrire le surnom donné aux îles Moluques, les « îles aux Épices », destination de l’expédition de Magellan ? Avec une majuscule à épices et des guillemets ?
Si je me réfère aux exemples figurant dans l’un de vos derniers ouvrages, les surnoms des pays portent une majuscule au terme spécifique :
le pays du Cèdre, le pays des Aigles, la Botte…
            Ici, les Moluques ne sont pas un pays.

            Merci beaucoup pour vos explications.

            Bien cordialement. »

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Pas de majuscule à « mer » :  mer du Sud (cf. mer du Nord)

 Les îles aux Épices   (il faut éviter de multiplier les sous-règles, les sous-usages :  « pays »  ///  « pas pays »…)

Bien cordialement.   Bonne fin d’année.

Le mot du 22 décembre 2022 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Cher Monsieur,

            Je tombe, dans un ouvrage d’art, sur la phrase suivante :
« Jamais, cependant, n’aurait-il eu l’immodestie de s’en lamenter. »
            Et, un peu plus loin : « Jamais ne se serait-il autorisé à décevoir son public. »
            L’inversion sujet-verbe après
« jamais » me gêne : est-elle légitime ? (Mes recherches sur ce point de grammaire restent infructueuses.)
            Je vous remercie par avance de bien vouloir me donner votre avis, et vous souhaite de passer de très belles fêtes de fin d’année. »


Bonjour,

Le maître de philosophie de Monsieur Jourdain accepterait peut-être cette construction…

Apparemment, l’inversion verbe-sujet  après jamais n’est pas recensée (par Grevisse, par exemple) parmi les tournures tolérées. Mais le fameux grammairien et ses successeurs ne donnent probablement pas, ici comme ailleurs dans le monumental Bon Usage, des listes exhaustives : tâche impossible !!  Cela se comprend fort bien alors que les cas d’espèce, en grammaire et en stylistique, sont sans limite(s).

« Légitime », cette construction ?…  Pas légitimée, semble-t-il, par les ouvrages dits de référence, mais qui, répétons-le, ne peuvent pas être exhaustifs.

Pour la énième fois, je rappelle que je ne suis pas omniscient, ni infaillible…  Mais je ne « botterai pas en touche » sur cette question.  À mes yeux, cette tournure est insolite, mais correctement construite. Je ne pense pas qu’il faille voir là une faute de français, mais une expression affectée, maniérée, ampoulée, à rattacher au gongorisme, au marinisme, à l’euphuisme…

Merci pour vos vœux.  Je vous souhaite également, à vos proches et à vous-même, une heureuse fin d’année et une excellente nouvelle année.

Le mot du 15 décembre 2022 (1)

L’amusante coquille du jour

Dans Télérama n° 3804 (du 10 au 16 décembre 2022), p. 160, on peut lire, à la fin d’un article consacré au joyeux film de Howard Hawks (scénario de Ben Hecht), avec Cary Grant et Marilyn Monroe, Chéri, je me sens rajeunir, la phrase finale suivante : « (…) car on lui a reproché son manque de ponctuation ». Ah ah ! De quoi peut-il être question, s’interroge, point d’interrogation à la clé suivi des points de suspension, le bipède féru de ponctuation dont les yeux ont été attirés par ces derniers mots d’une chronique ?…

En reprenant le texte un peu plus haut, le point d’interrogation se mue en point d’exclamation amusé, car le contexte met au jour une burlesque coquille due à la paronymie : « Les mimiques de Cary Grant sont irrésistibles, et Marilyn Monroe est adorable en secrétaire godiche, décidée à arriver plus tôt au bureau car on lui a reproché son manque de ponctuation. » On peut imaginer que c’est ponctualité qui aurait dû avoir le dernier mot !

Le mot du 14 décembre 2022 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Bonsoir, Monsieur,


            Pourriez-vous, s’il vous plaît, redonner la règle précisant le pluriel des mots suivants :
grand-père, grand-mère, arrière-grand-père, arrière-grand-mère ?
            Est-il correct d’écrire
« des arrière-grands-parents «  ?


            Je vous remercie et je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année. »

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Bonsoir, Madame,

1°  Les mots composés à trait d’union formés d’un adjectif et d’un nom prennent le double pluriel   >   des basses-cours, des grands-pères, des petits-neveux

2°   dans les noms composés, « arrière » (considéré comme étant un adverbe) reste invariable  >  des arrière-plans, des arrière-pensées…   Donc, entre autres : des arrière-grands-parents

3° Les avis sont très partagés sur « grand-mère ». Naguère encore, la majorité des avis autorisés prônaient « des grand-mères », comme pour tous les mots associant « grand » à un mot féminin… Aujourd’hui, un certain nombre d’avis (dont l’Académie) se prononcent toujours en faveur de « des grand-mères », mais la majorité des ouvrages contemporains de référence donnent les deux pluriels ou prônent « des grands-mères »

grand-père  >   pluriel  des grands-pères

arrière-grand-père   >   pluriel des arrière-grands-pères

arrière-grands-parents  > correct, bien sûr

grand-mère   >   pluriel  des grand(s)-mères

Le mot du 13 décembre 2022 (1)

La question du jour (et la réponse)

La période explique évidemment cela : nombre d’internautes se préoccupent tout à coup, ces derniers jours, de savoir s’il faut écrire « père Noël » ou bien « Père Noël »… Questions annexes : la graphie doit-elle varier selon que l’on parle de ce prestigieux et bonasse personnage qui vit avec ses lutins et ses rennes, et qui comble de cadeaux tous les enfants, ou s’il s’agit de son effigie en pain d’épice(s) ou en chocolat, ou, encore, de ce(s) bon(s)hommes qui, dans les grands magasins, se font prendre en photo avec les petits gamins tout en leur assurant que plein de jouets seront déposés au pied du sapin familial ?… Etc., etc. (= Oui, ça mérite bien le redoublement !!!)

Ces mini-questions ne méritent pas de se mettre la rate au court-bouillon, ni de vouloir trancher (et non « couper », ce qui est à la portée de tout le monde) les cheveux en quatre. La solution la plus simple est d’adopter une uniformisation générale quelle que soit l’acception : « un Père Noël en chocolat noir », « un Père Noël un peu rondouillard se tenait, cloche à la main, à l’entrée des Galeries », « le Père Noël répond à beaucoup des lettres qui lui sont envoyées par la poste »…