Archives mensuelles : octobre 2016

Dictée novembre 2016

Dictée exceptionnelle pour le 30e anniversaire du Musée de l’imprimerie de NANTES : samedi 5 novembre, à 14 heures, à Grafipolis, 1, place Albert-Camus, dans l’île de Nantes (02 40 50 24 22).

Participation gratuite, inscription souhaitée; tous renseignements : Musée de l’imprimerie,   24, quai de la Fosse;           tél. :   02 40 73 26 55 et info@musee-imprimerie.com

(On acceptera jusqu’à la dernière minute, samedi 5, les personnes non encore inscrites.)

Dictée  décembre 2016

INFORMATION : une dictée supplémentaire en cette fin d’année, le samedi 3 décembre, pour le Téléthon, à Avrillé (Maine-et-Loire).

Heure et lieu seront précisés le plus tôt possible…

 

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Le mot du 28 octobre 2016 (1)

La question du jour (et la réponse)

 

« Quelle est la bonne orthographe : « un gendelettres » ou « un gendelettre » ?  La première graphie me semble la plus correcte… »

 

L’usage et les lexicologues ne retiennent pas toujours, hélas, les formes les plus logiques. C’est bien dommage, parce que le bon sens et la logique permettraient de mieux enseigner la langue française…

Des humoristes et/ou des esprits sarcastiques  ont forgé ce mot pour désigner les hommes et femmes de lettres : « Le moindre plumitif se dit gendelettre » (Anatole France). D’où les dérivés non moins ironiques et plaisants : la « gendelettrerie » (ou « gendelettrie »), un « style gendelettreux »,  des « formules gendelettières ».

Le mot étant l’agglutination de « gens de lettres », on devrait avoir comme orthographe « un gendelettres ». Mais, comme pour gendarme (venant pourtant de « gens d’armes »), on a figé au masculin : un gendelettre, qui fait, au pluriel, des gendelettres.

 

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Le mot du 27 octobre 2016 (2)

Le mot de l’actualité :  grogne

 

Un certain nombre de commentateurs, de journalistes,  se mettent à employer le mot grogne au sujet des manifestations des policiers…  Ce qui est une erreur (?) de langage aussi grossière  –  et  grave  –  que celle consistant à dénommer suavement « sauvageons » des individus, peu importe leur âge, tentant très volontairement d’assassiner des gens.

Ainsi donc, les policiers seraient seulement « grognons » alors que des collègues ont failli périr brûlés vifs dans leur voiture, et s’en sortent de justesse, mais avec des séquelles telles qu’on peut comparer leur sort à celui des « gueules cassées »  de 14-18. Il y aurait donc seulement de la rogne dans les rangs de ceux qui reçoivent tous les jours des parpaings sur la tête et des cocktails Molotov ?…  Et, même, puisqu’ils seraient donc grognons, ronchons,  grognassiers, ronchonneurs, rogneux, rouspéteurs, bougons, on ne serait pas loin de les accuser d’exagérer dans leur contestation, de gonfler leurs problèmes, de dramatiser leurs soucis.

Alors qu’en vérité les policiers (et les membres d’autres professions comme les pompiers, les urgentistes…) sont dans la colère et l’exaspération, l’emploi de « grogne » est une énorme faute de français. Au point que certains commencent à y voir non pas une bourde très critiquable, mais la volonté de nier la gravité de la situation.

 

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Le mot du 27 octobre 2016 (1)

La question du jour (et la réponse)

 

          « Dans votre dictée Jules-Verne  d’hier, jeudi 26,  à Nantes, que j’ai faite via le site du département de Loire-Atlantique, il y a quelque chose que je ne comprends pas : « deux cent quatre-vingts mètres », d’une part, et « dans les années quatre-vingt », d’autre part. Or, à l’école, j’ai toujours appris que pour « cent » et « vingt », quand il n’y avait pas de suite de nombre et qu’il y a plusieurs centaines ou vingtaines, on mettait toujours un « s » final à « vingt ».

             Et, là, vous avez bien à chaque fois « quatre-vingts »  tout court… ?? » 

 

Il ne faut pas confondre les adjectifs numéraux CARDINAUX et les adjectifs numéraux ORDINAUX.

Les premiers donnent un nombre, une quantité (« deux cent quatre-vingts euros » = deux cents et quatre vingtaines d’euros), « trois cents kilos »). Les seconds indiquent une place, un rang (« la page deux cent » =    la deux centième page, et non « cent quatre-vingt-dix-neuf pages plus une »), « arrêter sa lecture à la page quatre-vingt » =   à la quatre-vingtième page).

Par « les années quatre-vingt », on ne désigne pas quatre-vingts années, mais les années autour de la quatre-vingtième année du siècle.

Quand quatre-vingt (idem pour cent) est employé comme ordinal, vingt reste donc invariable.

 

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Le mot du 25 octobre 2016 (1)

La bourde récurrente du jour

 

            S’il faut en croire de nombreux animateurs de radio et de télévision, et aussi, hélas, des journalistes, telles voitures « ont 15 % de chances d’être volées »,  et,  « en se risquant dans tel quartier,  on a  une chance sur deux d’être agressé »…

Certes,  la chance (du verbe choir, « tomber », de la même famille qu’échéance), façon dont les choses « tombent »,  peut, intrinsèquement, être bonne ou mauvaise. Mais le sens favorable l’emporte dans l’usage, et il est insupportable, aujourd’hui,  d’entendre ou de lire des phrases comme celles citées ci-dessus. À plus forte raison quand on entend ou lit (ce n’est pas rare !), et c’est atroce, des formulations telles que : « En France, chaque jour une femme a une chance sur trois d’être tuée par son conjoint, par son concubin1… ».

 

  1. Au-delà de l’énormité de la bourde de français, il y a bien cette réalité des violences conjugales : 148 femmes tuées en 2012, 126 en 2013, etc. (chiffres des ministères de l’Intérieur et des Droits des femmes).

 

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Le mot du 24 octobre 2016 (2)

La question du jour (et la réponse)

 

            « Est-il possible d’ »adverbialiser » le mot même (« il le faisait mêmement »), comme je l’ai lu dans un livre, ou bien cela relève-t-il de la faute de français, car on ne trouve ce mot dans aucun dictionnaire ? »

 

Pardonnez-moi de vous contredire : cet adverbe figure, en entrée, dans des dictionnaires…  Certes, le mot est sans doute peu usité, mais il est licite, correct : « Nourris mêmement de verdure, certains lapins élaborent de la graisse jaune, d’autres de la graisse blanche ; la différence tient à un gène… » (Lucien Cuénot et Jean Rostand, Introduction à la génétique).

 

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Le mot du 24 octobre 2016 (1)

L’expression du jour

 

            « Se retirer sur l’Aventin. »

 

            Après le résultat des curieuses primaires où, d’un côté, des militants de gauche ou d’extrême gauche pourront voter pour désigner le candidat de droite qui leur « plaît » le plus (normalement, ils devraient voter pour le moins dangereux, afin de faciliter la tâche de leur représentant), et où, de l’autre côté, les électeurs de droite et du centre pourront déposer un bulletin pour le candidat de gauche ayant leur préférence (tactiquement, là encore, la démarche intelligente serait de favoriser le plus mauvais, qui ne ferait pas le poids au second tour), certains des postulants se retireront-ils sur l’Aventin ?…

L’expression est d’origine historique, et nous renvoie à la Rome du Ve siècle av. J.-C. Alors que le régime républicain est instauré après la chute de la monarchie, les patriciens, les familles riches, s’empressent de vouloir monopoliser tous les pouvoirs, toutes les magistratures, au détriment de la plèbe, aux dépens de tous ceux qui n’appartiennent pas à cette caste de privilégiés. La plèbe est seulement bonne pour fournir des contingents militaires lors des guerres…

Les plébéiens regimbent, et, en 494 av. J.-C.,  se soulèvent et se retirent sur une des collines de Rome, l’Aventin, où ils tiennent des « meetings », rejetant toute discussion et refusant tout concours pour les énièmes conflits à venir tant qu’ils n’auront pas obtenu la reconnaissance de leurs droits.

« Se retirer sur l’Aventin » est, pour cette raison, une expression entrée dans le langage au sens de « se retirer des affaires, se retirer du devant de la scène, notamment en politique ». Cela a été l’attitude de Lionel Jospin après sa défaite dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2002.

 

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Le mot du 22 octobre 2016 (3)

Message confraternel

La communauté des correcteurs-réviseurs est en deuil, avec le décès brutal de Jean-Claude Le Gouaille, qui fut, avec conviction,  à l’initiative de la création de l’association Correcteurs en Bretagne (CEB).

J’adresse mes sincères condoléances à sa famille et aux proches, ainsi qu’aux  ami(e)s de CEB.

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Le mot du 22 octobre 2016 (2)

La question du jour (et la réponse)

 

« J’ai une question à laquelle,  je pense, vous n’aurez aucun mal à répondre.  Comment faut-il écrire : « des films culte » ou « des films cultes » ?  Les dictionnaires se contredisent à ce sujet… »

 

Disons plutôt que les dictionnaires se contredisaient…

Employé comme nom en apposition ou comme adjectif (peu importe la façon de le considérer), culte a été jugé comme devant rester invariable au nom du raisonnement suivant : littéralement, des livres, des films, etc., ne sont pas des cultes, mais font l’objet D’UN culte.

Ce raisonnement n’est plus suivi, aujourd’hui, par les dernières éditions des dictionnaires les plus usuels (PLI, Petit Robert), ni par les plus récents des « dictionnaires de difficultés » (je ne saurais dire « la totalité », car je n’ai pas regardé dans tous les ouvrages parus !). Tout le monde accorde…  Il me semble donc bien difficile de maintenir l’invariabilité, qui est démentie par les ouvrages de référence contemporains.

 

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