Archives mensuelles : février 2015

Le mot du 24 février 2015

drone

            Plaisanteries de potaches plus ou moins jeunes en âge, mais jeunes de caractère ?… Vols de petits engins testés par des férus d’aéronautique et de modélisme ?… Essais beaucoup moins bénins, effectués par des spécialistes de l’espionnage industriel, ou de l’espionnage tout court ?… Agents provocateurs tentant de semer le trouble, l’inquiétude ?… Terroristes procédant à de vrais repérages sous couvert de jeu inoffensif ?… Bien des hypothèses sont envisageables après le survol de la capitale par un ou par des drones de petite taille.

            Sans tomber, naturellement, ni dans la psychose, ni dans la paranoïa, ni dans la schizophrénie, cette affaire  de « drones jouets » (?) très légers, semble-t-il – il ne s’agit pas de drones militaires de grande taille porteurs de charge –, n’est pas à prendre… à la légère, à notre époque de miniaturisation des explosifs. On ne prendra donc pas forcément pour argent comptant les commentaires officiels lénifiants et les communiqués insouciants rédigés en langue de bois.

            Ce terme de drone  est à mettre au crédit de l’armée britannique : dans les années 1930, des avions automatisés référencés sous le nom de DH 82 Queen Bee (queen bee = « reine des abeilles ») furent testés pour servir de cible à l’avion-école et d’entraînement De Havilland DH 82 Tiger Moth. Mais la « reine des abeilles » se révéla être lente, et aussi bruyante qu’un faux bourdon (en anglais : drone)… D’où ce surnom qui fit florès et fut repris par l’armée américaine. Depuis, la famille des drones s’est considérablement développée, et la parentèle comporte d’innombrables engins volants de toutes tailles, aux capacités et aux emplois couvrant un large spectre d’activités.

 

 

Le mot du 23 février 2015

congère

            Le ton dramatique adopté (volontairement, pour faire le « buzz » ?) par des journalistes peut-être peu aguerris envoyés en reportage dans les Pyrénées ou dans les Alpes doit bien faire rire les habitants de ces régions. Surtout ceux qui, ayant un certain nombre de printemps, ont connu bien des hivers. Eh oui, en hiver il peut faire froid, et il peut neiger, voire geler !…  En effet, en février-mars, il peut y avoir des avalanches !…  Effectivement, des éboulements peuvent se produire, coupant momentanément des chemins, des sentiers ou des routes !

        S’il existe, bien sûr, des épisodes sérieux, des situations passagèrement préoccupantes, où l’approvisionnement de villages n’est pas assuré pendant quelques heures (d’ailleurs, les vrais Savoyards, Jurassiens, Pyrénéens ou Auvergnats savent prendre leurs précautions), où les communications avec des hameaux sont malaisées, cela ne justifie pas une dramatisation excessive servie par des inflexions lugubres grotesques… D’autres événements, eux, méritent d’être traités avec gravité.

            Si l’été est la saison des… glaces (à la vanille et autres parfums !), l’hiver, notamment, s’accompagne de congères. Par congère, on désigne un grand amas de neige tassée par le vent. Les congères (du latin congerere, « entasser, amonceler, amasser »)  peuvent non pas « obturer », comme on le lit parfois, mais obstruer un chemin ou une rue.

            « Congère de neige » est un pléonasme du même type que « dune de sable » ou « hémorragie de sang »  : une dune est uniquement formée de sable ; une hémorragie est un écoulement de sang;  une congère est exclusivement un amas de neige ! L’Auvergnat Henri Pourrat (1887-1959), dont il serait bon qu’on lût encore au moins son Gaspard des montagnes, l’expliquait d’ailleurs dans cet ouvrage : « Sur les plateaux, […] la brise enlève la neige et la roule en grands bancs qu’on nomme congères ».

Le mot du 21 février 2015

biture express

            « Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse  / Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »…  Alfred de Musset  ne pensait certainement pas, lorsqu’il écrivit ces vers, que des abrutis prendraient le dernier vers pour précepte de vie, en portant à l’excès la quête de ladite ivresse…

            Plusieurs faits-divers, ces derniers jours, ont montré combien l’ingestion massive  de boissons alcoolisées consommées en groupe conduisait non pas à une euphorie plaisante, mais à une extrême agressivité se traduisant par l’atteinte aux personnes et aux biens, publics et privés.

           Copiant le lamentable  binge drinking qui s’est répandu dans les pays anglo-saxons –  États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne… –, des Français, notamment des jeunes, s’adonnent à la « biture express », à l’ « alcool-défonce ». Ce passe-temps très intelligent consiste donc à s’enivrer le plus rapidement possible, pour arriver dans un minimum de temps à l’ivresse et à la perte de contrôle.

      En anglais, on parle de  binge drinkers. En français, l’équivalent serait quelque chose comme « alcoolos boulimiques ». Le terme  de biturin, qui était très usité dans le milieu de l’imprimerie et de la presse, ne convient pas : la terminaison est presque hypocoristique, affectueuse (comme pour le gérontin inventé naguère par des médecins pour désigner des personnes âgées). On l’employait, d’ailleurs, avec une connotation amusée, humoristique, sans ferme réprobation.

            Là, il s’agit de beuveries méprisables, de « sessions picoles », où se mêlent bières fortes, alcools et prémix (mélanges d’une boisson non alcoolisée et d’alcool, où l’alcool l’emporte souvent nettement). La triste « rue de la soif », à Rennes, montre chaque soir le répugnant spectacle des jeunes dipsomanes pour qui les « drinking teufs » représentent le nec plus ultra de la convivialité et de l’amusement. Il y aurait sans doute, sans avoir à chercher beaucoup, d’autres moyens de se distraire, de s’occuper, de se rendre utile aux autres, ce qui n’interdit pas de consommer raisonnablement entre amis, entre copains, des boissons moins nocives pour soi-même et pour les autres.

            Le terme familier biture, « cuite, beurrée, ivresse », met dans l’embarras les lexicologues. Le rapprochement, qui pourtant semble s’imposer, avec boiture, « débauche de boisson », n’est pas unanimement avalisé. L’association avec le biture des marins – la partie de la chaîne qui file avec l’ancre  lors du mouillage dans un port –  est plaisante, et peut-être justifiée. Qui dit arrivée dans un port dit descente des marins à terre, partant en bordée dans les bars et tripots, etc., pour des ripailles et des beuveries…

 

Le mot du 20 février 2015

keirin

          Du 18 au 22 février, à Montigny-le-Bretonneux, sur le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines (ouvert en janvier 2014), se déroulent les championnats du monde de cyclisme sur piste. Un sport ne bénéficiant pas d’une grande attention de la part des radios et des télés… sauf à l’occasion de championnats nationaux ou mondiaux. Surtout, quand même, quand ces compétitions se disputent dans l’Hexagone. Le peu d’intérêt des grands médias, même publics, explique peut-être qu’une présentatrice d’un grand journal d’une chaîne nationale annonce cela comme étant du « cyclisme sur route », sans se corriger ensuite.

            Grande nation cycliste, la France a toujours eu d’excellents champions pistards, notamment en vitesse individuelle et par équipe, et en… keirin. Il s’agit souvent des mêmes athlètes, naturellement, puisque la spécialité d’origine japonaise appelée keirin (on prononce « kêrin’ ») relève du sport de vitesse.

            Description succincte de cette épreuve particulière apparue au Japon dans les années 1950, mais qui a mis plusieurs lustres avant de devenir populaire en Europe  :  plusieurs sprinters (ou sprinteurs), dont les positions de départ ont été tirées au sort, sont aspirés pendant plusieurs tours de piste par un entraîneur à vélomoteur appelé « lièvre ». Celui-ci va accélérer progressivement, passant de quelque 25 km/heure à 50 km/h à deux tours de la fin. Il s’écarte alors, et laisse les coureurs disputer à très vive allure le long sprint final…

        Des commentateurs peu rigoureux désignent par « moto » l’engin chevauché par le meneur, par le « lièvre ». Il se peut que, parfois, les cyclistes soient tirés par une… petite moto, mais dans la quasi-totalité des cas l’engin traditionnellement utilisé a été le derny (nom propre déposé, d’après le patronyme du constructeur, le Français Roger Derny, mais devenu nom commun sans majuscule). Le derny, ou « derny d’entraînement », était un vélo motorisé, ou vélomoteur si l’on préfère, qui fut très employé pour l’entraînement des cyclistes, et utilisé lors de compétitions derrière entraîneur, sur piste ou sur route, comme le mythique Bordeaux-Paris ou le Grand Prix des nations.

            Les familiers du cyclisme continuent à employer le mot derny, même si la marque a disparu, concurremment avec le mot burdin, qui désigne sensiblement le même vélomoteur (d’après le nom éponyme de la marque française d’André Burdin, selon ce fabricant).

            D’autres commentateurs peu fiables parlent de courses « derrière derny » à propos du demi-fond. Il n’en est rien : le demi-fond, qui se court sur piste, et sur de longues distances, fait appel à de grosses motos aspirant littéralement les stayers qu’elles tirent. Cette discipline très dangereuse est réservée à des pistards aguerris, à des trompe-la-mort pouvant atteindre plus de 100 km/h, tel l’extraordinaire Espagnol Guillermo Timoner, couvert de titres de champion du monde et de médailles, qui, sauf erreur, vit dans son île de Majorque, quasi nonagénaire, après avoir remporté pour la dernière fois le titre de champion d’Espagne de demi-fond à… 58 ans !

 

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11e Championnat du Maroc de langue française et d’orthographe : les correcteurs du plus grand des 17 sites accueillant les demi-finales (samedi 14 février), à savoir Casablanca, ont été particulièrement victimes du succès croissant de l’épreuve… Ils n’ont pu terminer que jeudi soir la correction des…   + 2 200 copies !

Rappel prochaines dictées :

7 mars : à Sèvres (Hauts-de-Seine), au Centre international d’études pédagogiques, à 14 heures. Renseignements et inscriptions : 06 07 59 17 08 ou jp.colignon@orange.fr

21 mars : première dictée de Tourcoing (Nord), à la médiathèque André-Malraux, 26, rue Famelart, à 14 heures. Inscriptions obligatoires, le nombre de places étant limité par la capacité de la salle. Renseignements et inscriptions : 03 59 63 42 50 et www.tourcoing.fr/mediatheque

(La finale du Championnat du Maroc se déroulera ce même 21 mars.)

Le mot du 19 février 2015

Minsk

            Les « accords de Minsk », censés établir un cessez-le-feu entre les Ukrainiens   fidèles   à  Kiev  et  les  Ukrainiens  russophones  partisans  d’une       « indépendance », d’une autonomie, de la région de Donetsk (dans un premier temps, pour commencer… ?), suscitent pour l’instant plus de doutes que d’espoir. Le prétendu cessez-le-feu n’a pas été parfaitement respecté, et les Ukrainiens ont dû abandonner aux indépendantistes, dans une période de très relative accalmie des combats, l’important nœud ferroviaire de Debaltseve.

           Il faut rappeler tant aux naïfs qu’à ceux qui ne maîtrisent pas le vocabulaire (ce qui est grave, en l’occurrence), qu’un armistice, même a priori sincère, qu’un cessez-le-feu n’est aucunement un traité de paix : c’est seulement une suspension des combats, de durée aléatoire…

           Ces « accords de Minsk », qui ne laisseront peut-être pas un grand souvenir dans l’Histoire, ont été précédés il y a quelque vingt-cinq ans par un traité également associé au nom de la capitale de la Biélorussie. En octobre 1991, Boris Eltsine (président de la République de Russie), Stanislaw Chouchkievich (président de la République de Biélorussie) et Leonid Kravtchouck (président de la  République  d’Ukraine)  signaient  dans  la forêt de Belovej, près de Minsk, le « traité de Minsk »*, ou « accords de Belaveja ». Ces accords créaient la Communauté des États indépendants (CEI) ; quinze jours plus tard, huit autres anciennes républiques soviétiques rejoignaient la CEI.

            La Biélorussie, ou Belarus si l’on n’adopte pas le nom français mais russe, fut autrefois (du XVIe siècle jusqu’à 1917) dénommée « Russie blanche ». L’élément biélo- correspond à « blanc », mais personne ne sait quelle en est l’origine exacte. Trois hypothèses s’affrontent : a) allusion à la couleur à dominante blanche du costume national ; b) allusion à la synonymie de blanc et de libre, les Biélorusses ayant toujours refusé de payer un tribut aux Tatars ; c) allusion au sable blanc qui couvre une partie du pays.

            L’étymologie de Minsk, en comparaison, serait d’une simplicité aussi décevante que sont actuellement décevants les accords Poutine-Merkel-Hollande-Porochenko. Qu’on en juge : le nom de Minsk  serait formé d’un nom de rivière, « Men », auquel serait associé le suffixe -sk, propre à des noms de villes.

 *  En 2013, le comité exécutif de la CEI (dont le siège est à Minsk)  faisait savoir que le document original de ce traité était… introuvable !

 

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Dictée de Sèvres (Hauts-de-Seine), samedi 7 mars 2015, à 14 heures, au Centre international d’études pédagogiques, 1, avenue Léon-Journault.  –  Inscriptions et renseignements : 06 07 59 17 08 ou jp.colignon@orange.fr.

Dictée – jeux autour de la langue française – vin d’honneur – nombreux prix.

Le mot du 18 février 2015

Filouse

            Vache âgée de quatre ans, de la race rouge flamande, Filouse est la star, l’égérie du Salon de l’agriculture qui ouvrira ses portes le 21 février, à Paris Expo, porte de Versailles. Sur l’affiche du Salon, ladite égérie… affiche un œil  coquin et un air satisfait, du genre : « Et je ris de me voir si belle en ce placard ! » ☺ (Oui, un placard  est aussi un avis manuscrit ou imprimé que l’on affiche dans des lieux publics…)

            Contrairement à ce qu’indique l’affiche du Salon, il n’y a aucune raison de mettre une capitale à rouge ni à flamande. Les noms de races d’animaux sont des noms communs. Il faut donc écrire : des setters, des malinois, des dalmatiens, des dobermans ; des siamois, des persans, des européens ; des salers, des pie(-) noir, des charolaises, des maraîchines… Bien évidemment, la majuscule est maintenue quand figure un nom propre : des blondes d’Aquitaine. Mais les organisateurs d’événements, leurs communicants et les publicitaires (qui en rajoutent !) croient mieux appâter le public par un excès de lettres capitales. C’est illusoire…

            On ose croire que communicants et publicitaires (et non  « publicistes » :  ces derniers sont, en français contemporain, des spécialistes du droit public !) n’iraient pas jusqu’à écrire : « à l’issue du Salon, des Bretonnes seront proposées à la vente », « aucune Limousine ne pèse moins de 800 kilos », « à 16 heures : traite en public de Bordelaises »… !

            On peut être plus indulgent à l’égard de la majuscule souvent adoptée pour agriculture. En orthotypographie orthodoxe, correcte, on ne doit mettre de majuscule qu’à Salon (quand ce mot a le sens d’ « exposition », de « foire », on doit toujours mettre une majuscule) et à l’éventuel adjectif qui le précède (le Salon du livre, le Joyeux Salon de la magie se tiendra du 8 au 10  mai), ainsi que, naturellement, aux éventuels noms propres inclus dans la dénomination.  Encore une fois, étant donné l’importance de certains de ces événements (foires, expositions, Salons, festivals, concours…), on peut tolérer, en plus de la capitale – obligatoire en ces occurrences – au premier substantif,  une majuscule à automobile, à livre, à agriculture, à automne : le Salon de l’Automobile, le Salon du Livre…

         Filouse, nous explique-t-on, est, en ch’ti, le féminin de filou. Avec la variante filousse, le mot désigne une jeune fille maligne (et non « maline ») et rusée. Après le succès du film de Dany Boon Bienvenue chez les Ch’tis, plus personne ne devrait ignorer l’orthographe du nom commun, nom propre et adjectif ch’ti. Pourtant, on trouve beaucoup de chti et de cht’i ( !!).

            Ch’ti ou ch’timi équivaudrait à « celui », à « ceux », et non à « chétif » ou à  « petit ». Mais on trouve des discordances  chez des auteurs régionaux… Nom commun, ch’ti désigne le patois picard parlé dans le Nord – Pas-de-Calais. Nom propre, avec majuscule, le vocable désigne les natifs et/ou habitants du nord de la   France  (les  Ch’tis  ou  Ch’timis  seraient  donc  «  ceux  de  chez  nous   »,   les « nôtres »). Un « ch’ti marché » serait un  « marché du Nord, des Ch’tis », et non un « petit marché ».

          L’accord en nombre, avec un final, est courant pour le nom propre comme pour l’adjectif.  En revanche, l’accord en genre ne semble pas faire l’unanimité, et l’on trouve dans des textes régionaux, pour le féminin, soit l’accord au masculin pluriel, soit l’invariabilité… Mais on ne voit pas pourquoi ch’tie(s) serait à bannir.

         Filou, dans la langue familière, s’applique à un enfant espiègle, malin. Mais, désignant un adulte, le terme désigne avec certitude un escroc, un arnaqueur, un voleur,  un  aigrefin,  une  fripouille,  un  magouilleur,  etc. Le mot vient de filer, « tirer le fil »…  Pourquoi ne pas y associer les tire-laine d’autrefois, « tireurs de laine, tireurs de manteau »,  et rappeler qu’en argot tirer est un synonyme de voler couramment usité dans la langue familière ?

      Le mot est censé être masculin, avec un pluriel en s… mais on ne voit pas pourquoi il n’y aurait pas de femmes qui seraient malhonnêtes, magouilleuses, voleuses, estampeuses ! D’ailleurs,  filoute, certes peu utilisé, existe dans la langue, avec cette acception ; filouse, en revanche, ne semble pas avoir été employé.

          Mais je ne contesterai pas à la jolie rouge flamande un nom signifiant en ch’ti qu’elle est aussi maligne et espiègle qu’une gamine !

Le mot du 17 février 2015

dette

       Qu’il s’agisse de la Grèce, de ses habitants, ou de nouveaux retraités – souvent fort modestes – de la région Nord-Picardie plongés dans le drame par le non-paiement scandaleux, depuis novembre, des pensions qui leur sont dues, un mot lancinant revient dans l’actualité : dette.  Ajoutons les chiffres sidérants avancés pour la dette publique de la France : selon l’INSÉÉ*, la dette publique de la France, ou dette (de l’ensemble) des administrations publiques de la France au sens de Maastricht, s’élevait, à la mi – 2014,  à plus de 2 000 milliards d’euros, soit près de 95 % du PIB.

            Dette vient du vieux mot dete,  issu du latin debita, de debitum, « dette »,  et de debere, « devoir ».  Cf. débiteur (féminin : débitrice) : « personne qui a contracté une dette », « personne qui doit une somme à une autre ». Débiteuse est le féminin d’un autre débiteur : personne qui raconte des fadaises, qui débite des inepties, qui colporte des médisances…  Le terme ne s’emploie pas seul, mais toujours associé à un complément : un grand débiteur de sornettes, une grande débiteuse de mensonges.  Débiteuse est également le féminin de débiteur quand ce dernier mot désigne un commerçant vendant au détail, se livrant au débitage du bois, de la pierre, etc.

            Dette entre dans un nombre très important de locutions et d’expressions : dette de jeu, dette d’honneur, dette flottante, dette liquide, remise de dette… De cette masse linguistique émergent payer sa dette à la patrie, « faire son service militaire » ; avouer (ou confesser) la dette, « reconnaître un fait qu’on voulait cacher »  ou  «  convenir  que  l’on  avait  tort  »…  et  payer sa dette à la nature : « mourir » !  Des expressions bien peu employées aujourd’hui.

*  Comme l’usage, de nos jours, est d’indiquer,  par souci de précision,  tous les accents sur les capitales dans les textes imprimés, le sigle de l’Institut national de la statistique et des études économiques doit, rigoureusement, être : INSÉÉ. La succession, ressentie comme insolite, en fin de sigle, des deux É fait que nombre de journaux, de revues, de livres font une exception et écrivent INSEE.

Le mot du 16 février 2015

résister

            Les jours se suivent, et se ressemblent : quotidiennement, et sans doute de plus en plus souvent, il faut résister… Résister à des choses et à des événements très différents, de gravité variée, d’importance diverse, de poids relatif.

               Résister à la maladie, notamment au « crabe », qui semble se multiplier en dépit des moyens déployés et de la compétence et du dévouement des médecins et chercheurs.

               Résister à ses propres travers, défauts, faiblesses, insuffisances, de façon à atteindre l’objectif fixé par le Secours populaire, par exemple : « Hommes de demain, soyez plus heureux que nous ; plus heureux parce que meilleurs, meilleurs parce que plus heureux ».

               Résister à la tentation de céder au découragement face aux inégalités croissantes qu’impose une oligarchie ploutocratique bloquant la société à son profit.

                     Résister à l’obsession de se réfugier dans l’apathie, dans la résignation, dans le repli sur soi-même, dans une veule indifférence, en croyant –  grande illusion ! –  que cela assure la sécurité, la paix et la liberté.

                     Résister fermement à tous ceux qui veulent asservir la Terre entière, qui veulent supprimer partout la liberté d’expression et la liberté d’opinion, et imposer leur fascisme obscurantiste.

                   S’indigner ne suffit pas, c’est une attitude inadaptée, complètement insuffisante.

« Je suis né pour te connaître

  Pour te nommer

LIBERTÉ »

                                            (Paul  Eluard.)

 

            Résister est issu du latin resistere, « se tenir en faisant face », « tenir tête », « opposer une résistance ».  Grâce à la pièce de Bertolt* Brecht la Résistible Ascension d’Arturo Ui, on connaît l’adjectif résistible : « ce à quoi, ce à qui on peut résister », qui a résistable comme synonyme fort peu usité.

* Une erreur courante consiste à déformer Bertolt en « Berthold » ! Comme Brigitte Bardot, Bertolt Brecht figure souvent dans des grilles de mots-croisés sous le sigle B.B.

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            La prochaine dictée, en Île-de-France, sera celle, annuelle, de Sèvres, au Centre international d’études pédagogiques, le samedi 7 mars. (Inscriptions et renseignements :  06 07 59 17 08 ou jp.colignon@orange.fr     .)

            La suivante sera celle  – une « première » – de Tourcoing (Nord), le samedi 21 mars.

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INFORMATION

Retour du Maroc après l’aller-retour effectué à Tanger pour les demi-finales du Championnat de langue française et d’orthographe, dont je rédige toutes les épreuves depuis sa création, il y a onze ans.

    Les organisateurs (l’Union centrale des parents d’élèves : UCPE) ont malheureusement été… débordés par leur succès, le nombre des scolaires et des établissements voulant participer étant d’année en année en expansion.  Cela, cette année, au point de devoir décliner la participation de nombreuses écoles à travers tout le pays, faute de salles dans des villes pouvant organiser les demi-finales et d’encadrants-correcteurs…

       Le concours de nouveaux mécènes, sponsors, afin de contribuer ici à assurer cette animation en plein essor serait bienvenu…   Merci au nom de l’UCPE.

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Reprise des chroniques, articles et informations lundi 16 au soir !   :o))

INFORMATION

INFORMATION

Après la très sympathique et joyeuse première édition du Salon de la langue française, que j’ai conçu avec le service « événementiel » de la mairie du 7e arrondissement, mercredi 11 février (merci aux intervenants et aux participants !), j’enchaîne avec le Maroc.

Ce week-end se dérouleront les demi-finales du Championnat de langue française et d’orthographe, dont, à la demande de l’Union centrale des parents d’élèves, je rédige toutes les épreuves depuis sa création, il y a onze ans.

Les publications de chroniques reprendront alors à mon retour, avec des informations sur les futures dictées et autres événements. 

                                                                                                                                 J.-P.C.