Archives mensuelles : avril 2018

Le mot du 29 avril 2018 (4)

Communiqué de Défense de la langue française :

Chers amis,

Six grandes enseignes françaises

( Cdiscount, Boulanger, Fnac Darty, La Redoute, Rue du commerce et Showroomprivé) viennent de lancer l’opération de promotion French Days sur leurs sites de commerce par internet. Cinquante autres enseignes devraient les rejoindre.

Cette opération de vente en solde est une réplique du Black Friday américain.

Nous déplorons encore une fois que la langue française soit jugée indigne pour vendre aux Français et que la seule originalité de nos commerçants soit de singer les messages américains. La réponse que nous pouvons donner à cette nouvelle atteinte à la langue française est de bouder cette opération et de le faire savoir aux enseignes en utilisant les messageries des sites.

Il faut que ces mercantis comprennent que nous sommes excédés par les messages américanisés de leurs conseillers en communication.

Pour vendre en France, il faut parler français !

Avec mes plus cordiales salutations.

Marceau Déchamps,

Secrétaire général adjoint

Défense de la langue française.

Le mot du 29 avril 2018 (3)

La question du jour n° 3 (et la réponse)

Bonjour,

Nous sommes plusieurs à nous interroger sur l’accord de la phrase suivante : « … qu’aucunes des archives militaires ne démentira ».

Est-ce correct ?

Merci de votre réponse.

Cordialement.

La phrase mentionnée ne peut pas être correcte. C’est impossible. Même en tenant compte du fait que le PR et le PLI, s’ils donnent toujours le mot archives comme « f. pl. »… acceptent aujourd’hui le singulier au sein des articulets. Les usagers de la langue française étaient habitués, naguère, à apprendre et à savoir qu’archives était figé au pluriel dans toutes les circonstances… Un point, c’était tout !

Je reproduis donc ci-dessous les subtilités (?)… singulières affichées par ces dictionnaires, qui ne donnent pas la même acception ! :

  • Le Petit Robert : « Au sing. Document conservé aux archives. Une archive sonore.»
  • Le Petit Larousse : « (Au sing.) Inform. Ensemble de fichiers qui ont été sauvegardés sur un support de stockage, sous forme compressée ou non ; ensemble de données mises à la disposition du public pour être téléchargées via internet »

Quoi qu’il en soit, il faut ou bien « Aucunes archives ne démentiront… », ou bien « aucune des archives », voire : « aucune archive », que le texte du PR contraint, a priori, de tolérer (mais qui n’est correct, selon le Larousse, que s’il s’agit d’un « ensemble de fichiers… », etc., ou d’un « ensemble de données… », etc., et non d’une quelconque archive !!) « ne démentira ».

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Le mot du 29 avril 2018 (2)

La question du jour n° 2 (et la réponse)

« Bonjour, Monsieur Colignon,

Doit-on toujours utiliser les guillemets de suite quand une réplique, dans un dialogue, s’étend sur plusieurs paragraphes, ou est-ce que l’usage est tombé en désuétude ? Dans ce cas, utilisez-vous des guillemets ouvrants classiques, même dans un dialogue « moderne », donc sans guillemets ?

Merci pour votre aide. »

C’est un usage rigoureux qui a perdu de sa vigueur… que ce soit en « dialogue classique » ou en « dialogue moderne »… Il faudrait qu’il y ait vraiment des risques de confusion, d’incompréhension, de quiproquo, pour mettre ces guillemets de suite. Auquel cas, pour ne pas ajouter aux confusions, il faut se servir des guillemets FERMANTS ! Exemple en dialogue classique :

« Gkmjokkhjhokgxjmhugugiiupiououoiuoiuouoi.

— Xtgtytyiytrtyryrytyutuyiuyiyiuyiuytuiyiuyijjk

Gffyhguiuiiouiouopioipô^poô^poopopopopùmmlmllkf^f

Ffoyguij,oùo !

» Gftftyfbyyuyouiyiuyiuyiuypiu ? wwdhjkmùphi

Dtrdtfdutifybgyuhbuygubgyubgyugyfbytfbtftfgtftgdtgftgg

Pouytesghfhrtyhgfdafgk :jjgflmjhmhjgmuj.

» Chd :poiugytdshjjhsddghfdsffddgddjfgfgjf.

— Hfdfdghkjjgjhgjgfgffhfhfhgffggg… »

Le mot du 29 avril 2018 (1)

La question du jour n° 1 (et la réponse)

« Bonsoir, Monsieur Colignon,

Soit la phrase : « À l’intérieur de moi-même, quelque chose est réglé… Ce ne l’est peut-être pas pour mes enfants… »

« Ce ne l’est pas » est-il correct, ou faut-il préférer « Ça ne l’est pas » ? »

C’est absolument correct ! (On peut dire l’un ou l’autre… Voire employer « cela ».)

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Le mot du 28 avril 2018 (2)

Le « Pan sur le bec » du jour

« Pan sur le bec », donc, à cause d’une coquille restée dans le texte du 25 sur l’orthotypographie des noms de vins, de crus, de cépages, etc. : il manquait un « s » à « bourgognes » dans la dernière mention de « bourgognes aligotés »…

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Le mot du 28 avril 2018 (1)

Le mot insolite du jour

filousophe n. m.

Mot créé par Victor Hugo dans les Misérables pour qualifier Thénardier, aubergiste fort peu honnête mais non dénué de prétention intellectuelle. Le terme, qui n’a pas fait école, pourrait désigner un aigrefin pédant, un carambouilleur porté à enrober sa malfaisance d’une idéologie qui l’excuserait. Il est formé du substantif filou, paronyme des deux premières syllabes de philosophe, et de la finale –sophe, empruntée à ce dernier vocable. Le mécanisme de ce jeu de mots a fait florès, depuis, sous le nom de mot(s)-valise(s) !

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Le mot du 26 avril 2018 (1)

Réponse au petit test-jeu du mercredi 25 avril :

Chacun s’était promis de faire vinaigre, comme on dit à Orléans ou à Dijon, pour ne pas manquer les premières minutes du spectacle présenté en début de soirée, dans la Ville Lumière, par un humoriste devenu la coqueluche du Tout-Paris. Surtout depuis qu’il assurait sur une station de radio une chronique quotidienne censée être fort spirituelle. De fait, l’amuseur avait choisi comme créneau la critique vacharde, le sarcasme vénéneux (ou : venimeux) et le brocard acerbe visant les sempiternelles têtes de Turc(s), les souffre-douleur habituels, etc.

Le mot du 25 avril 2018 (3)

Le petit jeu-test d’orthographe du jour

Ce petit jeu-test d’orthographe n’est pas un concours !…

Sans vous aider du moindre dictionnaire, en vous interdisant tout recours à quelque « antisèche » que ce soit, corrigez les fautes contenues dans ce texte (… s’il y en a !) :

Chacun s’était promis de faire vinaigre, comme on dit à Orléans ou à Dijon, pour ne pas manquer les premières minutes du spectacle présenté en début de soirée, dans la ville lumière, par un humoriste devenu la coqueluche du tout-Paris. Surtout depuis qu’il assurait sur une chaîne de radio une chronique quotidienne sensée être fort spirituelle. De fait, l’amuseur avait choisi comme créneau unique la critique vacharde, le sarcasme vénimeux et le brocart acerbe visant les sempiternelles têtes de Turc(s), les souffre-douleurs habituels, etc…

© Jean-Pierre Colignon, d’après le texte d’une de ses dictées, donnée à Tours.

(Réponse demain jeudi 26 avril.)

Le mot du 25 avril 2018 (2)

Le point d’orthotypographie du jour

Les noms de vins

Les noms de vins (et des spiritueux) issus par antonomase du nom de régions géographiques sont des noms communs, se mettent en romain dans le romain, et ne prennent aucune majuscule. Les termes généraux de vins et de cépages peuvent prendre la marque du pluriel (voir plus loin) :

Le beaujolais nouveau est arrivé !

Préférer le bordeaux aux bourgognes

« Donnez-moi un verre de côtes-du-rhône, s’il vous plaît… »

« Servez-nous un côtes-du-rhône chambré ! »

« Je prendrai une petite côtes-du-rhône avec l’assiette anglaise… » [étonnant, certes, mais c’est la graphie qui s’impose, rigoureusement]

Parmi tous les gewurztraminers, c’est celui-ci que je préfère !

du saint-amour

un gros(-)plant

du vouvray

de l’asti

du beaumes-de-venise

un lacryma-christi

du beaujolais-villages

du brouilly

des bourgognes aligotés

un châteauneuf-du-pape

des bergeracs

un saint-émilion

du saint-estèphe

un porto

du xérès

des champagnes rosés

un sauternes

des sancerres

des alsaces

Lorsque le nom du site producteur garde un caractère de nom propre, la majuscule, évidemment, s’impose :

des vins d’Anjou

une bouteille de vin de Bordeaux

un cru des coteaux de Champagne

les vins d’Alsace

un vin de Porto

des vins de Moselle

N. B. : En dépit de ce que peut écrire un dictionnaire usuel, la cohérence doit conduire à écrire un gros-rhin pour désigner un sylvaner, et non « un gros Rhin ».

La question du pluriel :

La plupart des dictionnaires esquivent la question du pluriel, mentionnant certes des alsaces, des anjous, des bourgognes, cas qui… ne posent pas de problème, sans consacrer une seule ligne aux cas plus épineux. Les dictionnaires les plus courants optent d’ailleurs pour des démarches complètement opposées lorsqu’il s’agit de noms composés à deux éléments (ou plus) tels que saumur-champigny, pouilly-fuissé, saint-amour, saint-émilion…

Faut-il écrire « des romanées-saints-vivants », des « romanées-saint-vivants », des « pouillys-fuissés », des « pouilly-fuissés », « des saints-amours », « des saint-amours », etc., ou bien considérer que, dans les noms composés, l’invariabilité est de règle ? Ou doit-on conseiller de contourner l’obstacle en évitant l’emploi du pluriel et en disant : « le romanée-saint-vivant 1949 et celui de 1953 », plutôt que : « les romanées-saint-vivants de 1949 et de 1953 » ?

La complexité de nombreux noms composés désignant des crus – noms parfois constitués de quatre éléments –invite fortement à opter pour l’invariabilité (d’autant plus qu’il est impossible d’admettre des pluriels tels que « des châteauneufs-du-papes » ou « des châteauneuf-du-papes ») lorsqu’il ne s’agit pas de termes généraux simples comme : des touraines, des champagnes, des bourgognes… On sera donc bien avisé de préférer :

des vosne-romanée

des pouilly-fuissé

des lacryma-christi

des beaumes-de-venise

des saint-estèphe

des châteauneuf-du-pape

N.B. : On écrit bien des bourgogne aligotés (aligotés est un adjectif épithète).

Les noms de clos, de domaines, de propriétés, prennent des majuscules, et sont invariables, car ils équivalent à des marques commerciales :

un Clos-Saint-Vincent

des Château-Mouton-Rothschild

du Château-Cheval-Blanc

Le Haut-Marbuzet est un excellent saint-estèphe.

un Veuve Clicquot 1995

Le mot du 25 avril 2018 (2)

INFORMATION : Ayant repris le fonds de Victoires Editions, EdiSens met en librairie(s), à partir du 2 mai, une nouvelle édition (la 5e) de Un point, c’est tout ! – La ponctuation efficace. Toutes informations : sur le site d’ediSens.

Je rappelle la sortie, en mars, chez Ellipses, de mon premier recueil de dictées : 30 Dictées et jeux pour tester votre orthographe. (En réalité, s’il y a bien 30 dictées longuement commentées, il y a bien plus de questions-jeux…)

Les prochains ouvrages paraîtront en juin.

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AGENDA : Prochaine dictée = dictée du Patrimoine, Piriac-sur-Mer (Loire-Atlantique), le samedi 19 mai, à 14 heures. Salle Dumet de l’espace Kerdinio.

La 5e « Dictée à la plage » de Port-Leucate (Aude) se déroulera le jeudi 26 juillet après-midi.