Archives mensuelles : juin 2018

Le mot du 29 juin 2018 (3)

La question du jour n° 2 (et la réponse)

« Je m’interroge sur l’emplacement des points de suspension dans le cadre d’une énumération… Doit-on mettre une virgule après le dernier terme et les placer ensuite (« des pommes, des poires,… ») ou doit-on les mettre à la suite du dernier terme, sans virgule (« des pommes, des poires… ») ?

Vous me seriez d’un grand secours si vous pouviez m’éclairer une bonne fois pour toutes !
Bien cordialement. »

Il ne faut pas de virgule entre le dernier terme et les points de suspension… :

« Angelina avait apporté du pâté, un poulet, un melon, des fraises… ».

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Le mot du 29 juin 2018 (2)

Le point d’orthotypographie du jour

Côte de / d’…

Dans toutes les dénominations « géographico-touristiques » dont le premier mot est Côte, ce terme prend toujours une majuscule puisqu’il s’agit de surnoms, donc de noms propres. Il n’y a pas de trait d’union, puisque ce ne sont pas des entités administratives ni politiques. Le complément de nom prend lui aussi une majuscule (la Côte d’Opale, la Côte d’Azur, la Côte de Granit rose…) ; en revanche, et n’en déplaise aux communes, aux syndicats d’initiative, aux comités du tourisme, la règle générale du français s’applique : pas de majuscule aux adjectifs qui viennent après le substantif Côte : la Côte fleurie, la Côte vermeille… La majuscule à Côte met suffisamment en valeur les sites remarquables ainsi désignés.

© Jean-Pierre Colignon/CFPJ, 2018.

Le mot du 29 juin 2018 (1)

La question du jour (et la réponse)

« Bonjour,

Peut-on employer l’expression « faire défaut » en parlant d’une personne : « Cette personne m’a fait défaut, elle n’est pas venue au rendez-vous fixé » ?
Je compte sur vous pour m’éclairer.
Cordialement. »

Oui, le sujet de « faire défaut » peut être une personne ou une chose : « Nos soi-disant alliés nous ont fait défaut… ».

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Le mot du 28 juin 2018 (3)

Le jeu de mots du jour

En Savoie, un certain nombre de cuistots intègrent la myrtille aux fromages et au vin blanc, parce qu’ils avancent que c’est le « fruit des fondues » !

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Le mot du 28 juin 2018 (2)

Le point de grammaire n° 2 du jour

air n. m.

Aujourd’hui, avec avoir l’air utilisé au sujet d’une ou de plusieurs personnes, on accorde le plus souvent avec le sujet d’avoir : Elles ont l’air sérieuses, Johanna a l’air sérieuse… On comprend : « elles paraissent sérieuses », « Johanna semble sérieuse ». Sinon, on dira : elle a un air sérieux.

Mais, si air est déterminé par un complément, les adjectifs s’accordent sur air : Patricia a l’air sérieux des institutrices de la IIIe République : Gilles et Marc ont l’air réservé qu’on attribue aux Britanniques !

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Le mot du 28 juin 2018 (1)

Le point de grammaire du jour

dissoudre v. tr.

Verbe en –soudre, du type absoudre : présent de l’indicatif = je dissous, il/elle dissout, nous dissolvons, vous dissolvez, ils/elles dissolvent. Participe passé : dissous (du sel dissous), dissoute (de la poudre dissoute).

Noter en particulier le t final à la 3e personne du singulier de l’indicatif : il se dissout (et non « il se dissoud »), et le s final au participe passé dissous (féminin : dissoute).

■ Il faut dire : « j’attends que le comprimé se dissolve » (et non « se dissoude », bien que Scarron ait employé ce subjonctif incorrect, et que Hugo en ai fait autant… pour la rime avec coude dans son poème Dieu : « Jusqu’à ce qu’il s’en aille en cendre et se dissoude ».

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Le mot du 27 juin 2018 (1)

La question du jour (et la réponse)

« Bonjour, Monsieur,

J’ai besoin de vos conseils en matière de typographie à propos du mot « évangile » :

J’opterais pour :

– l’évangile de Jean (sans majuscule)
– l’Évangile selon saint Jean (majuscule)

Qu’en pensez-vous ?

Avec tous mes remerciements.

Bien cordialement. »

1° Toujours avec une majuscule, et en restant en romain dans le romain, dans : « l’Évangile selon saint Matthieu », « la lecture de l’Évangile » ; etc.

2° Avec une minuscule au sens de « moment de la messe où l’on fait la lecture de l’Évangile » (arriver après l’évangile), ou de « texte qui sert de référence », comme lorsque l’on dit : « Ce livre est une bible (sans majuscule) pour tous les numismates » : Pour cette famille, le programme de ce parti est devenu un évangile.

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Le mot du 26 juin 2018 (1)

La bourde du jour

Cette bourde est à mettre au compte de la journaliste Léa Salamé, ce mardi matin, sur France Inter. Parlant de l’éventuel « grand discours » de M. Macron sur la laïcité, discours annoncé depuis un certain temps, la chroniqueuse a employé une formulation absurde. Ledit discours, selon elle, est « promis depuis les calendes grecques », ce qui est un contresens relevant du… non-sens.

Les « calendes grecques » ne sauraient constituer le point de départ de quoi que ce soit, puisqu’il s’agit exclusivement d’un terme… indéfini, de plus. On envoie, on renvoie, quelque chose « aux calendes grecques », c’est-à-dire à un temps qui n’arrivera jamais, puisque la notion de calendes n’existait que chez les Romains : la suppression des privilèges est reportée aux calendes grecques, la réduction des taxes et des impôts est renvoyée aux calendes grecques, autrement dit : « quand les poules auront des dents ».

Ce qui est reproché au locataire de l’Élysée par Léa Salamé, c’est de n’avoir pas encore prononcé un hypothétique « grand discours » sur la laïcité « promis » – ou « annoncé », ou « quasiment annoncé », ou « supposé avoir été clairement promis » : ce n’est pas très clair, justement, lorsque l’on dépouille les déclarations plus ou moins officielles ou officieuses. Bref, la formulation correcte était : « le discours promis (ou annoncé) depuis des mois », « depuis l’élection présidentielle »…

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Le mot du 24 juin 2018 (1)

La faute d’orthotypographie du jour

Alors que le gouvernement se défend de vouloir supprimer les pensions de réversion (qui constituent notamment l’unique pension versée à un million de veuves), les services de M. Delevoye ont diffusé une note qui, sous forme de question, « Compte tenu des évolutions en matière de taux d’emploi des femmes et de conjugalité, doit-on maintenir des pensions de réversion ? », laisse clairement entendre que le sujet est étudié.

M. Delevoye, d’après ce qu’on lit dans de nombreux médias, est le « Haut-commissaire » à la réforme des retraites… Cette graphie est erronée : on ne peut pas avoir, en français, une majuscule à l’adjectif puis une minuscule au substantif qui suit, dans un nom composé avec trait d’union, de plus. Il faut ou deux majuscules ou deux minuscules. Les majuscules étant évidemment réservées aux cas d’unicité à l’échelon du pays (cf. Haut État-Major dans le Haut État-Major [général]), pour des organismes importants.

Il n’y a, effectivement, qu’un Haut-Commissariat à la réforme des retraites, ce qui peut justifier deux majuscules pour le nom de cet organisme, mais haut-commissaire est un nom commun qui doit rester avec des minuscules initiales, comme ministre ou secrétaire d’État… ou président de la République.

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Le mot du 23 juin 2018 (1)

La question du jour (et la réponse)

« Bonsoir,

J’ai une petite question pour (bien) terminer la journée. J’hésite sur l’écriture de la phrase suivante :

1) Eh oui, ce rôle ne s’improvise pas !

ou :

2) Eh non, ce rôle ne s’improvise pas !

Quelle est la bonne formulation, et pourquoi ? »

Il ne peut pas y avoir UNE réponse. Les deux se disent… Tout dépend de ce qui a été dit précédemment, comment cela a été dit, et quelle nuance d’évidence, d’accord neutre, ou d’ironie, etc., l’emporte dans le commentaire (« eh oui », « eh oui… », « eh oui ! », « eh oui !!! », « eh non », « eh non… », « eh non ! », « eh non !!! »…) du locuteur…

« Je crois que j’ai été naïf… – Eh oui ! » (= pour ça oui !)

« Je crois que je me suis fait rouler… – Eh oui… » (= c’est malheureusement vrai…)

« Ah bon ?… Les noms propres prennent une majuscule ?? – Eh oui !!! » ( = Eh bien oui !!! Étonnant, non ??!!!!!!! Hi hi hi !!)

« Mais je croyais que vous étiez propriétaire de ce restaurant ! – Eh non !… » ( = pas du tout, vous étiez complètement dans l’erreur !)

« Je crois rêver… – Eh non… C’est bien la triste réalité. » (= non, c’est bien la vérité, désolé…)

« Il ne fallait pas prendre la D234 ?… – Eh non ! Vous auriez dû continuer sur la N118 ! » ( = mais non, vous vous êtes trompé)

« Eh oui ! Ce rôle ne s’improvise pas ! » ( = en effet, ce n’est pas si simple : ce rôle ne s’improvise pas ! »)

« Eh non ! Ce rôle ne s’improvise pas ! » (= eh bien non : comme vous le reconnaissez vous-même, ce rôle ne s’improvise pas)

De multiples tonalités peuvent donc se concevoir… et le « eh oui » et le « eh non » aller dans le même sens, finalement.

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