coasser
La talentueuse et spirituelle soprano colorature Patricia Petibon, à qui l’on peut appliquer le titre d’une des compositions les plus connues d’Erik Satie : la « belle excentrique », interprète notamment avec une virtuosité ébouriffante « Aux langueurs d’Apollon, Daphné se refusa », un air de Platée, le désopilant « ballet bouffon » – requalifié de comédie lyrique – de Jean-Philippe Rameau.
À plusieurs reprises ces dernières années, et c’est à chaque fois un bonheur, cette œuvre très originale qui narre les prétentions grotesques de Platée, nymphe batracienne et laide régnant sur les marais, est diffusée pour les fêtes. Cette grenouille a la folie de prétendre inspirer de l’amour à Jupiter lui-même. Cela se terminera sous les quolibets pour la malheureuse qui avait voulu évincer Junon.
Présenté souvent erronément sous le titre d’ « air de la folie », avec un « f » minuscule , le… délirant « Aux langueurs d’Apollon… » est, en réalité, l’air de bravoure du personnage de la Folie, avec un « F » majuscule. Patricia Petibon y excelle par sa fantaisie et sa virtuosité, mais d’autres cantatrices telles Simone Kermes récemment, Sabine Devieilhe et surtout Mireille Delunsch ont interprété de façon remarquable, avec des nuances, ce morceau qui exige une classe… folle.
Un des chœurs drolatiques, qui accompagne au premier acte les récriminations de Platée, imite, par des « Quoi ? Quoi ? » répétés, le coassement (et non le croassement) de la gent grenouille. Ces deux paronymes sont en effet parfois confondus, et l’on attribue alors aux batraciens le cri des corvidés, ou inversement…