Archives mensuelles : décembre 2015

Le mot du 31 décembre 2015

Très heureuse fin d’année à tous, et d’ores et déjà mes voeux les meilleurs à chacun pour que 2016 soit, le plus possible, un millésime sans soucis de santé, et plein de joie(s) et de bonheur(s) !

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N’oubliez pas de participer au concours de fin d’année !…

 

 

Le mot du 30 décembre 2015

« Ce n’est pas n’importe qui »

 

            Cette formule très usuelle est parfois employée de telle sorte qu’elle peut prendre fâcheusement un faux sens… Il n’est pas erroné de le ressentir ainsi quand on entend, comme ce matin 30 décembre, sur une radio publique, une journaliste dire d’un fanatique tué au Moyen-Orient : « Ce n’est [n’était] pas n’importe  qui  ».   Pour  tout  usager  du  français,  la signification première est : « C’est quelqu’un de bien connu », « ce n’est pas quelqu’un de négligeable »…  D’où, par rebond : « C’est une personnalité qui sort de l’ordinaire,  voire qui est remarquable, admirable »…

     En réalité, le seul constat que l’on puisse faire, compte tenu des éléments d’information diffusés,  est que l’individu dont il est question avait, semble-t-il, des liens avec des terroristes  convaincus ou suspectés d’avoir commis ou préparé   des   attentats.   Il   était   donc   proche   de personnes  qui,  elles,  sont  « connues »  des   services   de   sécurité,   des   enquêteurs.  De  là  à  en  faire…    « quelqu’un », il y a une marge !!

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La citation du jour

            « Le fanatisme est aveugle. Il rend sourd et aveugle. Le fanatisme ne se pose pas de questions. Il ne connaît pas le doute : il sait, il pense qu’il sait. » (Élie Wiesel.)

 

 

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Le proverbe du jour

 

            « On ne vide pas l’océan avec un coquillage. »

 

 

 

Le mot du 25 décembre 2015

souplex

 

                               Des internautes qui ont plusieurs fois vingt ans vont peut-être, de chic, s’insurger devant l’initiale minuscule de ce mot du jour… Ce en quoi ils auront tort : il n’est pas question ici du populaire chansonnier Raymond Souplex, qui fit une très belle carrière, entre le « Grenier de Montmartre » de Jean Lec,  les sketchs de « Sur le banc », assurés pendant de longues années avec sa consœur  Jane Sourza sur Radio Luxembourg, la participation à de très nombreux films dans l’après-guerre, et la célébrité apportée par son rôle de l’inspecteur,  puis  commissaire  Bourrel  dans  la  série  télévisée  policière  des   « Cinq dernières minutes »…

                               Raymond Guillermain avait pris « Souplex » pour nom d’artiste parce que c’était une anagramme du patronyme de sa mère : Pesloux.

                               Non, il n’existe pas le moindre lien avec le nom commun dont je vais parler : un, des souplex. Ce mot-valise fait partie de ceux qui reflètent notre époque, en particulier la situation de l’immobilier en France. Forgé sur sous-sol et sur duplex, souplex a été créé pour désigner un logis constitué par un rez-de-chaussée auquel on a associé un sous-sol, généralement une cave rendue habitable. Le plus souvent, le souplex est la réunion d’un ancien magasin, d’une boutique désaffectée, et de sa cave…

                               L’apparition des souplex entérine la situation de l’immobilier dans les grandes villes, au premier rang Paris : d’une part, pénurie volontairement organisée pour favoriser la spéculation et chasser de la capitale les personnes non aisées ; d’autre part, incurie et veulerie des politiciens.

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La citation du jour

« C’est avec du courage, et non avec des pleurs, que nous devons du sort conjurer les rigueurs. »  (Publilius Syrus.)

 

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Le proverbe du jour

                               « Quelqu’un qui vous comprend, même s’il est au bout du monde, est comme un voisin. »

Le mot du 24 décembre 2015

La question du jour  +  l’articulet « dico » du jour  + la citation du jour  +  le proverbe du jour

Jeudi 24 décembre 2015

 

La question du jour

            « Pourriez-vous me renseigner à propos de « avant-guerre » ? Dans « le cinéma d’avant-guerre », le trait d’union s’impose. Mais doit-on le mettre aussi (ou non) lorsqu’on dit « avant-guerre, nous habitions l’Essonne » ou « ce journal créé avant-guerre », ou « comme il a été écrit avant-guerre » ?… »

            Je comprends très bien que l’on puisse se poser cette question, et la perplexité me semble normale. Toutefois, je crois qu’il y a une réponse qui s’impose. Normalement, on devrait dire « avant la guerre » « avant la dernière guerre », « avant cette guerre »… « Avant la guerre, avant le conflit, avant ces événements, nous habitions à Reims… »   Comme il n’y a pas l’article/ terme de liaison, je crois que la graphie à trait d’union doit être adoptée : « Avant-guerre, j’étais journaliste localier en Meurthe-et-Moselle ».

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L’articulet « dico » du jour

czar  n. m.

            Cette graphie ancienne (parfois csar), vieillie, pour tsar  – empereur de Russie  –  ou tzar (graphie également délaissée, mais plus récemment), est considérée généralement, de nos jours, comme ayant résulté d’une erreur de transcription… De nombreux auteurs, dont Voltaire, ont suivi cette orthographe qui, à leur époque, s’était bien implantée.

            Certains estiment toutefois que cette graphie contestée peut être licite si le texte justifie l’archaïsme

 

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La citation du jour

            « Béni soit l’homme qui, n’ayant rien à dire, s’abstient d’en administrer la preuve en paroles. » (George Eliot.)

 

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Le proverbe du jour

            « Qui se fait brebis le loup le mange. »

           

Concours fin d’année 2015

CONCOURS de fin d’année

Exceptionnellement, les cinq premières personnes qui enverront avant le 3 janvier à minuit les réponses exactes complètes (à défaut, les réponses les plus proches) seront récompensées.

1°  Dingbat :

sObRIéé

2° Au féminin, je porte une ombrelle; au masculin, certains adeptes me célébraient. Qui suis-je (= un mot) ?

 

3° Qui a écrit, avec étourderie : « D’un seul bond, il sauta sur le timonier, et l’atteignit si furieusement de son poignard qu’il le manqua » ?  Dans quel roman ?…

 

Le mot du 22 décembre 2015

La question du jour + la citation du jour (le concours sera publié à part…)

Mardi 22 décembre 2015

 

 La question du jour

            « Dans un supplément hebdomadaire publié par un « news »,  je trouve l’expression style preppy, que je ne comprends pas. Pouvez-vous me dire ce que peut bien signifier le second mot ?… »

            Il  devient  en  effet  difficile  de  lire les suppléments  « chics »   –  vantant l’ « ultraluxe » – publiés par plusieurs quotidiens et hebdomadaires censés être français, tellement les articles regorgent d’anglicismes et d’américanismes ! S’adressant clairement aux couches très aisées de la population, à l’oligarchie ploutocrate des « élites » autoproclamées, les « papiers » sont, de plus, généralement rédigés en un style mondain, affecté, snob…

            La lecture d’un de ces suppléments récents est édifiante. En peu de pages, une concentration de vocables poseurs assaille le lecteur adepte de la simplicité et féru de langue française : it bags, take-away, make-up artist, shooting du prochain lookbook, le tailoring, hype animale, withdrawing room, le butler de l’hôtel, concept-store, street food, esprit destroy, des tsavorites, une make-up artist, etc.

            Votre « style preppy » entre dans ce jargon propre à la jet-set, aux émules de feu Jacques Chazot et de sa Marie-Chantal… C’est un terme appartenant au domaine de la mode. En français, il faut généralement traduire preppy par « bon chic bon genre », par « BCBG », mais en sachant que cela porte le plus souvent sur des tenues de sport d’une élégance décontractée et chic…

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La citation du jour

            « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. » (Henri Queuille.)

Le mot du 21 décembre 2015

« victoire à la Pyrrhus »

      Qu’il s’agisse des récentes élections régionales en France ou bien des élections générales en Espagne de ce dimanche 20 décembre 2015, les commentateurs tout comme un certain nombre de dirigeants politiques parlent de « victoire(s) à la Pyrrhus ». Cela, à propos du ou des partis réputés être sortis vainqueurs des urnes…

             Considéré comme étant l’un des plus grands hommes de guerre de son temps  –  après Alexandre  –,  le roi d’Épire (puis de Macédoine et de Thessalie) Pyrrhus Ier faillit vaincre Rome et imposer la suprématie de l’hellénisme. Les querelles et rivalités entre cités grecques le privèrent à plusieurs reprises des réserves en hommes et en moyens matériels qui eussent été nécessaires face à la puissance romaine.

            Pyrrhus Ier (vers -312 av. J.-C.  –  -262 av. J.-C.) menaça en effet Rome en Italie même, en intervenant dans la Grande-Grèce, c’est-à-dire dans la partie méridionale de la Botte où les Grecs avaient établi des colonies, notamment à Tarente. C’est cette dernière cité, qui, craignant des attaques romaines, appela à l’aide Pyrrhus… Ce dernier vainc les Romains à Héraclée (-281), puis les met en déroute à Ausculum (-279), mais au prix de telles pertes qu’il aurait constaté, lucide (les versions varient, mais l’idée est identique) : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains… je rentrerai seul en Épire ».

            Ce « mot historique » a alors donné naissance à l’expression victoire à la Pyrrhus, qui s’applique à des succès trompeurs, aux résultats très aléatoires, quel que soit le domaine.

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Des soucis ont entraîné, entre autres, le retard de la publication du concours de fin d’année. Ce sera chose faite dans la journée. Les réponses devront être envoyées avant le 3 janvier à minuit. Les cinq premières réponses exactes, complètes, seront récompensées (à défaut, les réponses les plus approchantes).

           

 

Le mot du 16 décembre 2015

le « plafond de verre »

 

 

            L’expression « plafond de verre » est abondamment reprise par les médias français au sujet de la situation politique dans l’Hexagone. Il s’agit là de la reprise d’une expression qui s’est répandue outre-Atlantique dans les années 1970 : glass ceiling. Celle-ci, selon certains, reprendrait une idée exposée dans un film de 1947 du réalisateur Elia Kazan :  Gentleman’s Agreement  (en français : le Mur invisible), qui suscite des jugements mitigés. (N. B. : je n’ai jamais vu ce film.)

            Deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce film produit par Darryl F. Zanuck est ciblé sur la discrimination banalisée, non affichée, dont seraient alors victimes les juifs aux États-Unis. Les membres de cette communauté se heurteraient donc, au contraire des autres citoyens, à une barrière invisible faite de non-dits, un « mur invisible » qui les stigmatise, qui les discrimine…

            Dans l’acception réapparue vers 1970, le mot plafond est nettement plus mis en évidence. Le « plafond de verre » désigne un niveau de fortune, de responsabilités politiques, économiques, industrielles, de fonctions hiérarchiques supérieures auquel n’accèdent que les membres d’une oligarchie… et leurs parents.  Un tel réseau – où l’on s’échange la rhubarbe et le séné, où les membres de conseils d’administration renvoient, reconnaissants, l’ascenseur aux dirigeants d’entreprise (juteux jetons de présence contre pactoles en actions et super-retraites en or au détriment des petits actionnaires et du personnel), où la connivence s’exerce discrètement au sein de certains clubs mondains, au sein d’une obédience – met un pays en coupe réglée.

         La majorité des citoyens se heurtent à ce « plafond de verre », à ce « plafond invisible ».  Cependant, l’expression est-elle justifiée ?…   Certes, les membres de ce pouvoir de l’entre-soi ne révèlent pas quels sont leurs privilèges, ne dévoilent pas leurs ententes financières ni leurs trocs de sinécures, leurs accords politiques personnels alors qu’ils appartiennent à des formations censées défendre des idéaux opposés, etc.   Mais les  citoyens seraient-ils aveugles, jobards, naïfs, crédules, ingénus, innocents, au point d’ignorer l’existence de ce que d’aucuns appellent le « mur de terre » ?…

 

Le mot du 14 décembre 2015

impéritie

 

            Issu du latin classique imperentia, le substantif impéritie a gardé les acceptions de son étymon : « ignorance, inexpérience, méconnaissance », auxquelles il faut ajouter, significations plus adaptées en maintes circonstances : « incapacité, manque de compétence », voire «  négligence, désinvolture »…

            Ce mot est inspiré par dame La Poste-et-sa-pompeuse-majuscule-à-La, à propos d’une lettre récemment retournée à l’expéditeur, 48 jours après avoir été postée. Cet expéditeur est le signataire de ces lignes, qui avait omis d’indiquer le code postal, alors que tout le reste (nom des destinataires, nom et numéro de la rue, nom de la commune) était complet et parfaitement orthographié. Il ne s’est donc pas trouvé, en 48 jours, au sein de cette entreprise qui fut autrefois un établissement au service de la population, et dont chacun n’avait qu’à se louer, une personne faisant l’effort de chercher le code postal afin de compléter la suscription et de rendre service aux usagers…  Bien entendu, la lettre retournée au bout d’un mois et demi a été revêtue de l’autocollant indiquant que « La Poste a tout mis en œuvre pour distribuer ce pli… ».

            Toujours à propos de La Poste, chacun s’est-il rendu compte que celle-ci considère  que la mention de « lettre », qui de tout temps fut compris au sens de « pli normal, distribué en principe à J + 1 », n’était plus pour elle que synonyme de « lettre verte », distribuée… plus lentement ?  Un certain nombre de citoyens doivent encore croire ingénument qu’en mettant « lettre » sur l’enveloppe de leurs envois ceux-ci seront acheminés très rapidement… En réalité, pour bénéficier (si l’on peut dire, étant donné les tarifs des affranchissements !) du service normal (J + 1, en principe) qu’assurait autrefois la Poste, il faut indiquer « lettre prioritaire »

Le mot du 13 décembre 2015

treize

 

            Dimanche 13 décembre 2015 : Sainte-Lucie (avec deux majuscules et un trait d’union… et non pas un « tiret », comme disent ceux qui confondent le signe orthographique et grammatical avec le signe de ponctuation).  Donc : C’est la Sainte-Lucie, mais : C’est la fête de sainte Lucie…  Sainte Lucie (le prénom vient du latin lux, « lumière ») est la patronne des aveugles et des électriciens. Notamment en Scandinavie, sa fête est une date importante, correspondant au premier jour à partir duquel le soleil se couche plus tard que la veille, dans l’hémisphère Nord. D’où le proverbe « À la Sainte-Luce [Lucie], le jour avance du saut d’une puce ».

            On écrit, avec une majuscule à treize : l’Histoire des Treize. Balzac a donné ce titre à la réunion de trois de ses courts romans : Ferragus, la duchesse de Langeais et la Fille aux yeux d’or.  « Treize »  est en l’occurrence le surnom que Balzac donne à treize  hommes qui constituent une sorte de société secrète…

            Le nombre 13 suscite une phobie (= la triskaïdékaphobie,  en grec ancien : « peur  du  13 »),  par  superstition  :  çà ou là, on note qu’il n’y a pas de chambre n° 13 dans un hôtel, qu’il n’y a pas de siège 13 dans une salle de spectacle ou dans un avion, qu’un gratte-ciel passe de l’étage 12 à l’étage 14, etc. Cette peur du nombre 13 remonterait à la cène : le Christ et ses douze disciples, dont le traître Judas (d’où la crainte d’être « treize à table »1)…

            Parfois, et toujours par superstition,  certaines personnes, sans doute pour conjurer le sort, se placent sous la protection du nombre 13. Ainsi, Paul Derval, directeur des Folies-Bergère, à Paris :  à la tête du fameux établissement pendant quasiment un demi-siècle, il imposa que tous les titres des spectacles soient formés de treize lettres… comme le total des lettres de Folies et de Bergère !  (Bergère est le nom d’une rue proche, et non un adjectif épithète pluriel qualifiant les « folies ».)

 

 

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  1. À la maîtresse de maison qui, affolée, constatait qu’il y avait treize personnes attablées, le romancier, journaliste et humoriste Alphonse Karr fit observer : « Non, madame, nous sommes douze et… Karr ! ».

 

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La citation du jour

            « Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d’un État. » (Richelieu.)