Archives mensuelles : avril 2015

Le mot du 23 avril 2015

guilleret

            À l’approche d’élections, voire bien avant le déroulement de celles-ci, les politiques, hommes et femmes, s’efforcent d’arborer en toutes circonstances (ou  en toute circonstance) un air guilleret. Pour montrer combien ils sont optimistes pour l’avenir, et pour affirmer qu’ils sont en pleine forme, toniques, toujours jeunes, pleins d’alacrité et d’allant… Il est évident que montrer un visage à la Droopy (= le chien de dessin animé, très généralement lent et triste, du génial Tex Avery) n’est pas valorisant, n’est pas du tout attractif, même au nom du sérieux.

            Guilleret/guillerette qualifie, depuis le XVIe siècle, ceux « qui manifestent une vive gaieté ». Cette signification sympathique de guilleret, qui, semble-t-il, avait été précédé par le féminin guillerette au sens de « séduisante, pimpante », apparaît comme étonnante. En effet, les linguistes font de notre adjectif un dérivé du vieux verbe français guil(l)er : « tromper », d’après guile, « ruse, tromperie ». Certes, les escrocs présentent toujours un visage avenant, souriant afin de mieux captiver et capturer (voir l’adjectif captieux (-se) ) : « qui tend, sous des apparences de vérité, à duper, à induire en erreur ») les gogos, les crédules, les jobards…

            De son côté, l’adverbe guillerettement, en dépit de son allègre acception, est quasiment sorti de l’usage. C’est dommage !

            En France, même si l’on oublie de plus en plus le fonds ancien des chansons populaires, l’air et les paroles de Compère Guilleri (ou : le Compère Guilleri) demeurent assez connus… Le nom commun masculin guilleri a désigné le chant des moineaux et, par métonymie, le moineau lui-même. Ce nom viendrait lui aussi de guil(l)er : « tromper ». Il faudrait y voir la méfiance envers les « beaux parleurs »  –  les beaux siffleurs… Cette chanson est fort ancienne, et diverses origines ont été avancées.

            Comme cette chanson est probablement originaire de Bretagne, certains ont cru y voir une allusion aux trois frères Guilleri, qui, après avoir bien combattu pour la Ligue (catholique) sous le duc de Mercœur, seraient devenus de vulgaires brigands, mais commandant plusieurs centaines de hors-la-loi. Cela se termina très mal pour eux… On pense plutôt que cette chanson plaisante a été composée par un « poète » local à partir d’un fait-divers, l’accident survenu à un chasseur nommé ou surnommé « Guilleri » :

                        Il était un p’tit homme,

Qui s’pp’lait Guilleri,

Carabi,

Il s’en fut à la chasse,

À la chasse aux perdrix,

Carabi,

Toto Carabo,

Marchand d’Carabas,

Compère Guilleri,

Te lairas-tu mourir […].

 

Au jeu de cartes nommé « la Mouche », on appelle Guilleri la carte qui est l’atout, le valet de trèfle.

            Guillery, avec un y, fut employé, au féminin (la guillery), pour désigner le pénis (notamment dans le journal d’Héroard, médecin de Louis XIII), y compris chez de jeunes enfants. A priori, on aurait pu penser que ce terme n’aurait été utilisé que pour un phallus, pour souligner, en quelque sorte, l’aspect faraud et fier d’un sexe en érection, et le visage satisfait et… guilleret de son propriétaire !

            Mais, si son origine se trouve dans « tromper, duper », guillery n’aurait-il désigné qu’un sexe qui n’était pas (encore) en mesure de tenir ses promesses ? Une virgule plutôt qu’un… trait d’union ?   ☺

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Rappel :  

            À Liré (Maine-et-Loire), jeudi 30 avril, à 18 heures, au musée Joachim Du Bellay, conférence gratuite sur « l’argot des Poilus ». Entrée libre dans la limite des places disponibles. Avec le plaisir de rencontrer les amis liréens… et les autres !

 

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Citation du jour :

            « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. »  (Paul Valéry.)

Information – rectificatifs

Information / rectificatifs

 

 DICTÉE DE TOURS DU SAMEDI 18 AVRIL :

 1° M. Jacques Groleau, qui a obtenu le meilleur résultat en catégorie seniors de la dictée annuelle organisée par la délégation Touraine de Défense de la langue française (DLF),  n’a pas été classé premier par les organisateurs tourangeaux, non pas parce qu’il est membre du comité de lecture de la revue nationale de DLF (il n’est pas membre du comité d’administration de DLF-Île-de-France)… mais parce qu’il a été à la fois concurrent et correcteur bénévole.  Ce qui a été jugé incompatible.

M. Groleau se verra toutefois remettre un « prix d’honneur ».

N. B. : dans la quasi-totalité des multiples dictées que je rédige, anime et coorganise (j’en suis à plus de 315 maintenant), il a fallu se résoudre  –   faute, hélas, de personnes de bonne volonté acceptant de consacrer, dans une année, deux heures à la correction des copies de ces animations ludo-culturelles bon enfant  – à recruter des correcteurs parmi les meilleurs concurrents, afin de donner les résultats et de distribuer les prix le jour même, et dans les délais imposés par le prêt des locaux. (Bien entendu, les « doublonneurs » ne corrigent pas leurs propres copies. )

À Tours,  le problème ne se posait pas samedi, étant donné le nombre des volontaires.

 

2°  Le journal régional a fait paraître en italique entre guillemets de courts et  vrais extraits de mon texte, mais aussi, hélas, un résumé d’une autre phrase… et en y introduisant des fautes !!

Informations du 22 avril 2015

INFORMATION dans le cadre des conférences des Lyriades de la langue française :

JEUDI 30 AVRIL, à 18 heures, au musée JOACHIM DU BELLAY,

1, rue Pierre-de-Ronsard, 49530  Liré :

conférence sur  » les Mots des Poilus »

par Jean-Pierre COLIGNON

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Renseignements :  02 41 47 95 91

http://www.leslyriades.fr/spip.php?article656    (ça semble bizarre, mais c’est bien ça)

Le mot du 21 avril 2015

gag

         M. François Hollande, après avoir été très souvent – trop souvent, disent certains – dans la compassion, avec de nombreux déplacements  –   trop nombreux, jugent d’aucuns, qui y voient un « truc » destiné à remonter dans les sondages –,  intervient fréquemment (excessivement, aux yeux d’une partie des commentateurs), depuis quelques jours, dans des émissions de radio ou de télévision. Cette fois,  ses contempteurs lui reprochent de redevenir l’homme des « petites phrases », des blagues, des jeux de mots, qui élude les questions sérieuses et cherche à  s’attirer la sympathie des jeunes, des « bobos »…

            Naturellement, selon les convictions des uns et des autres, les avis sont très partagés. Et ce qui déplaît souverainement aux uns a l’assentiment des autres.

            Ce qui est indubitable, c’est que le chef de l’État a de l’humour, sans doute de l’esprit, et qu’il aime les calembours…  Nombre de ses propos, depuis des années, l’ont montré, et on peut l’imaginer en « usine à gags ».

            Gag est un mot qui a la particularité d’être un palindrome (terme se lisant de gauche à droite comme de droite à gauche : radar, ressasser, elle, kayak, Laval, Noyon, tôt, serres…). C’est un mot anglais remontant au XVIe  siècle, qui a pris au XIXe la signification d’ « histoire drôle », puis, comme le mentionne Alain Rey dans son passionnant Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert), celles de « partie d’un dialogue improvisée par un acteur » et, en anglo-américain, d’ « objet de moquerie ».

            Au cinéma, gag a pris aux États-Unis, dans les années 1920, l’acception spécialisée de « réplique drôle », puis d’ « effet comique créant une situation cocasse » qui doit provoquer la surprise et faire éclater de rire les spectateurs. Un gag ne doit donc pas être « téléphoné » !

            Il appartient aux scénaristes, aux dialoguistes, de concevoir les gags pour donner du piment à une histoire risquant d’être trop fade, à un scénario manquant de vivacité… Mais de plus en plus, notamment aux États-Unis, on fait appel à des gagmen (singulier : gagman), royalement rémunérés.

            Les gagmen ou « hommes à gags »  –  on n’ira pas jusqu’à « tueurs à gags », même s’ils font… mourir de rire  –  sont d’authentiques professionnels, dont le travail consiste à inventer ou à adapter des effets comiques, uniquement visuels parfois.

           Des ponts d’or sont consentis de nos jours, répétons-le, aux gagmen les plus en vue, les plus inventifs, qui concoctent des gags d’une grande drôlerie, des gags tordants, c’est-à-dire… impayables !

 

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La citation du jour :

 

            « Il y a des gens qui parlent, qui parlent…jusqu’à ce qu’ils aient quelque chose à dire » (Sacha Guitry).

Le mot du 20 avril 2015

avunculaire

     Si je me refuse, dans les dictées que je rédige, à accumuler des mots compliqués et –  ou –  rares, ce qui serait une manière bien facile de « pondre » des textes mettant en difficulté la plupart des concurrents, je tiens, en revanche, à y glisser deux ou trois mots peu usités… Cela fait partie des procédés mettant un peu plus de sel, ou de piment, de saveur donc, à la petite histoire dictée. Et mes confrères journalistes peuvent en tirer, dans leurs comptes-rendus, quelques lignes instructives et plaisantes…

            Ma 11e dictée de Tours, samedi 18 avril, comportait donc l’adjectif épicène (= des deux genres) avunculaire, que l’on doit prononcer : « avonculaire ». Apparu vers la fin du XVIIIe siècle, selon le Robert et le Trésor de la langue française, ce terme peu usuel vient du latin avunculus, « oncle » (plus précisément, à l’origine, en latin classique ou tardif, « oncle maternel » seulement, puisque patruus désignait un « oncle paternel »), et a pour acception « qui a rapport à un oncle ou à une tante ».

            Un héritage avunculaire est par conséquent un héritage reçu d’un oncle ou d’une tante. Des privilèges avunculaires, dans une ethnie, une tribu, un peuple, sont des avantages particuliers propres à des oncles et –  ou  –  à des tantes.

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Citation du jour :

            « L’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas » (Claude-François de Lezay-Marnézia [1735-1800], Épître à mon curé.

INFORMATIONS

INFORMATIONS :

           La 11e dictée de Tours a fait salle comble, samedi 18 avril, dans les nouveaux et très pratiques locaux obtenus par M. Philippe Le Pape, président de DLF-Touraine. Parmi les participants, Mme Michèle Leloup, organisatrice, en tant que présidente du Club Soroptimist, de la dictée de Poitiers (janvier dernier), et de représentants de Châtellerault.

      Le vainqueur, en seniors, a été M. Jacques Groleau, qui participait pour l’honneur, sa qualité de membre du conseil de DLF-Paris lui interdisant de figurer dans le classement. C’est donc M. Prat qui a accédé à la plus haute marche du podium.

            En juniors, c’est une fois de plus Ève Anquetil (13 ans) qui l’a emporté, et qui, pour cette bonne raison, a été interviewée par la journaliste de la Nouvelle République. Cette dernière a d’ailleurs couvert la totalité de cet après-midi fort bien organisé par l’équipe de DLF-Touraine, un après-midi très joyeux autour de la dictée et des questions-jeux.

            En dehors des lots qui ont récompensé les meilleurs, chaque concurrent est reparti avec un exemplaire de la revue Défense de la langue française.

 

Le mot du 17 avril 2015

escarmouche

            À l’intérieur des partis politiques (mais pas uniquement), à l’approche d’échéances diverses telles que des congrès nationaux, l’élection de dirigeants, voire le choix d’un candidat à l’élection présidentielle (rappelons à chacun, y compris à certains journalistes, que l’on doit dire, au singulier : « l’élection présidentielle », parce qu’il n’y a qu’un poste à pourvoir), on assiste naturellement à des escarmouches.

            Petit accrochage sans lendemain, combat isolé sans conséquence, ou engagement préliminaire annonçant un conflit plus ou moins étendu : l’escarmouche peut prendre l’une ou l’autre de ces acceptions. On peut dès lors supposer que pessimistes et optimistes se diviseront sur la teneur des bulletins d’information comportant ce mot.

            Les linguistes se montrent prudents à propos de son origine. Ils y voient généralement plusieurs croisements et recoupements mêlant l’ancien francique skirmjan, « protéger », d’où escrime, les anciens français escremie, « combat » (d’escremir, « combattre »), et muchier, « cacher », l’italien mucciar, « s’enfuir, s’esquiver »…

            La terminaison –ouche serait à rattacher  à moucher, variante de mucher et musser,  « s’esquiver ».  Ce  qui nous ramène aussi à muchier, « cacher » (donc : « se cacher »). D’aucuns y voient plutôt l’influence de mouche, « espion », ou à tout le moins un croisement supplémentaire.

    N’oublions pas les formes anciennes d’escarmouche : escharmuches, escarmuche, escaramouche, écarmouche, qui évoquent inévitablement l’italien scaramucciare, scaramuccia. Et donc le personnage de Scaramouche, type de bretteur adroit – voir l’excellent film de cape et d’épée (en texto : 2KPDP) de George Sidney Scaramouche, où le duel final entre Mel Ferrer et Stewart Granger dure plus de six minutes ! Plus historiquement, on rappellera, au théâtre, le personnage de capitaine errant créé par Tibero Fiorelli (ou Fiorilli) au XVIIe siècle. Cet acteur s’imprégna tellement de ce rôle qu’il fut lui-même surnommé Scaramouche ; Molière l’admirait, et entretint avec lui des relations amicales.

            L’escarmouche peut être assimilée à un coup de main mené par quelques tirailleurs isolés, qui se replient rapidement et vont se cacher, prêts à resurgir çà ou là pour « asticoter » l’ennemi, semblable à des insectes piquant à l’improviste. Cette description recouvre à peu près les différentes notions issues des étymons relevés.

            Au figuré, escarmouche exprime l’idée d’échange de propos un peu vifs, de dispute, de chamaillerie, d’altercation, généralement sans conséquence(s) : se livrer à des escarmouches verbales, des escarmouches parlementaires.

            Escarmoucher, au sens propre comme au sens figuré, a signifié « se livrer à des escarmouches », et a donné naissance à escarmoucheur –  mais pas à escarmoucheuse, semble-t-il –, pour désigner un spécialiste des escarmouches.

            Les femmes récemment élues, au nom de la parité, vont sans doute avoir à… cœur de démontrer qu’elles ont autant de compétences que leurs collègues masculins. Cela permettrait de mettre en usage le plaisant escarmoucheuse. Alors, mesdames, pour la plus grande gloire du vocabulaire français, un bon mouvement : au lieu de vous tenir… « à carreau », lancez de temps à autre, et à bon escient, bien sûr, des… piques !

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La citation du jour :

            « La calomnie est comme la fausse monnaie : bien des gens qui ne voudraient pas l’avoir émise la font circuler sans scrupule » (Diane de Beausacq, le Livre d’or de Diane, 1895).

 

Le mot du 14 avril 2015

podium

            Même s’ils n’ont pas, loin de là, le comportement de femmes et d’hommes appartenant aux pseudo-« élites » autoproclamées des médias,  dont la tête « ne passe plus par les portes » et dont les dents « rayent le parquet »,  les lauréats des dictées et autres jeux-concours sont, naturellement, et sainement, heureux d’être en tête des classements.  Contents d’être sur le podium, au sens figuré le plus souvent.

            Dans le domaine sportif, on entend par podium, depuis les années 1910, une plate-forme sur laquelle on fait monter les vainqueurs  –  individuels ou équipes  –  d’une épreuve. C’est généralement une estrade à deux degrés : la place du premier, centrée, est surélevée par rapport aux deux autres marches qui l’encadrent. Plus rarement, il existe des podiums non plus à deux, mais à trois degrés.

            Par métonymie, podium désigne l’ensemble des champions qui, ayant vu leurs vœux de victoire ou de très bon classement exaucés, se retrouvent donc très justement… exhaussés sur la plate-forme. On dit ainsi : « Le podium du slalom hommes de Maribor était constitué de l’Américain Miller, du  Croate Kostelic et du Slovène Kunc ».

            Â l’origine, le mot latin (issu du grec au sens de « petit pied », « pied ») podium désignait, dans un amphithéâtre, dans un cirque antique, un gros mur qui servait à la fois de limite structurelle et de limite sociale. Certains podiums (le mot suit le pluriel « à la française », avec un s) comportaient des niches, dont certaines devaient servir de petites chapelles de culte. Des cages à animaux menant aux arènes devaient aussi, parfois, être insérées dans le mur.

            Formant plate-forme, le sommet du mur supportait les places d’honneur : « […] la plate-forme du podium que protégeait une  balustrade de bronze et sur laquelle étaient posés les sièges de marbre des privilégiés » (Jérôme Carcopino, la Vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, cité dans le Robert).

Le terme fut appliqué ensuite à de petits soubassements qui, à l’intérieur d’un édifice, servaient à supporter des statues, des vases, etc.

Par extension, podium est employé à propos de diverses plates-formes et grandes estrades, de planchers surélevés servant de scènes (… et c’est sur la scène du théâtre du collège et lycée La Rochefoucauld [Paris-7e] que furent couronnés les lauréats du premier concours de culture générale de Paris, samedi 11 avril).

 

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Rappel : la dictée de Tours se déroulera samedi 18 avril : DDEC, 33, rue Blaise-Pascal (à côté de la gare ).

L’inscription est vivement souhaitée, et  il est bienvenu de le faire le plus tôt possible, afin de permettre aux organisateurs locaux de préparer au mieux la salle.

Renseignements et inscriptions : 06 83 24 65 33.  communication.dlf.tours@orange.fr

 

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Xavier Jaillard, comédien, metteur en scène, auteur dramatique, éminent membre de l’Association des Amis d’Alphonse Allais et de l’académie Alphonse Allais, vient de publier, aux éditions Scrinéo, Vers l’ouest, un premier roman composé de deux récits parallèles. René de Obaldia, de l’Académie française, témoigne que ce livre « le touche particulièrement par la profonde humanité de l’auteur ». Les destins croisés des deux personnages se lisent comme un véritable  roman  policier,  mais   ce  livre  bien écrit n’est pas qu’un « polar »…

Le livre sera présenté, et dédicacé,  le jeudi 16 avril, de 18 à 20 heures, à la librairie du Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, 75008 Paris.

Métro : Franklin-Roosevelt et Champs-Elysées-Clemenceau.

INFORMATIONS du 13 avril 2015

Informations du 13 avril 2015

            Le premier concours de culture générale de Paris organisé pour la Mairie du 7e, l’ordre des Palmes académiques et l’UCIAP-7e s’est donc déroulé samedi 11 avril dans les locaux du lycée La Rochefoucauld, 22, rue Malar, 75007 Paris.

            L’ambiance y a été exceptionnelle, notamment grâce à la gaieté des concurrents juniors. Cette animation culturelle bon enfant est reconduite pour l’an prochain.

            Les lauréats ont été les suivants, départagés par les ultimes questions posées oralement, en public :

SENIORS :   1er M. Pierre Dérat ; 2es  Mmes Anne Lagadic et Éliane Rousseau ; 4e M. Gérard Glotin ; 5e M. Christian Maricourt ; 6e Mme Solange Pascarel.

JUNIORS : 1er Théodore Halley (5e lycée Jules-Romain) ; 2es Ulysse Dardeau (5e lycée Jules-Romain) et Antoine Bertrand (3e lycée Jules-Romain) ; 4es Noémie Berthier (3e lycée Jules-Romain) et Grégoire Kania (3e lycée Jules-Romain).

 

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        Fête du Livre d’Autun (Saône-et-Loire),  samedi 11 et dimanche 12.    –   Les académiciens allaisiens  – emmenés par Philippe Davis, président de l’Association des Amis d’Alphonse Allais  –  tenaient un stand à ce Salon. Dimanche après-midi, ils ont fort diverti pendant plus d’une heure et demie leur auditoire par un spectacle humoristique mené par Xavier Jaillard, et Alain Créhange, auxquels participaient Grégoire Lacroix, André Bercoff,  Claude Turier et votre serviteur.

Le mot du 7 avril 2015

crapaud

     De nombreux reportages sont consacrés aux crapauds, et à d’autres amphibiens et batraciens,  qui se font écraser en tentant de rejoindre les mares où ils veulent se reproduire, déposer leurs œufs… On aménage alors de plus en plus d’écoducs, ou « couloirs écologiques », qui passent sous les routes, sous les autoroutes, sous les voies ferrées, sous des murs, etc. Puisque ces écoducs sont destinés aux batraciens, ils sont appelés « crapauducs » ou « batrachoducs » (de même qu’il y a des lombriducs pour les vers de terre et des écureuilloducs pour les congénères de Spip, l’écureuil domestique de Spirou, créé par Rob-Vel : Robert Velter, « père » de Spirou).

            Au Moyen Âge, on a eu crapot, désignant le batracien, puis crapaut, utilisé peu aimablement à l’égard d’un homme appartenant sans doute à ce qui, plus tard, sera appelé « crapauderie » :  des personnages repoussants, voire hideux, et sales… Vers 1400, le mot, par analogie de forme, sera donné à un petit mortier… ce qui sera repris en 1914-1918 par le dérivé crapouillot, appliqué là encore par analogie de forme aux  petits obusiers de tranchée à courte portée. Pour rester dans le domaine militaire, crapaud a donné naissance à « faire le crapaud », c’est-à-dire progresser par bonds au ras du sol.

          Dans l’argot de Saint-Cyr, cela va donner naissance à crapaüter, puis, enfin, crapahuter  (substantif : crapahut), verbe qui ne désigne plus exclusivement un déplacement en terrain difficile par bonds et par reptation. Nombre de randonneurs, avec quelque exagération par rapport au sens propre, disent avoir « crapahuté » en forêt le dimanche après-midi.  Mais il est vrai que l’acception du verbe s’est élargie, banalisée…

     On attribue à Voltaire la création du substantif féminin crapaude, peu employé semble-t-il, y compris en un emploi adjectival (« épaules crapaudes » chez Jean Giono, Un de Baumugnes). Quant au nom masculin crapelet, « jeune crapaud », je ne l’ai jamais vu dans un texte. Il faut dire que je ne suis pas omniscient, ni un grand lecteur d’ouvrages consacrés aux batraciens !

          Crapaud figure dans quelques locutions : sauter comme un crapaud (lourdement !), avoir une voix de crapaud  (peu agréable, certainement), et cracher des crapauds (médire, calomnier… =  une activité bien répandue)…

          Le mot est polysème : il revêt un nombre considérable de significations, qu’il   serait   trop   long   d’énumérer   ici. Signalons tout de même, entre autres : « jeune apprenti », « fauteuil bas »,  « défaut dans un diamant », « petite bourse de soie ou d’autre tissu dans laquelle les hommes enfermaient leurs cheveux sur la nuque » (les hussards, en particulier, cachaient dans ces crapauds les pièces d’or…   que   leur   donnaient   leurs   maîtresses ;   de   là, plus tard, l’acception de « bourse », de « porte-monnaie »…).

       On a appelé « crapauds du marais » les députés de la Convention qui se plaçaient dans la partie basse de la salle… et qui votaient généralement pour le gouvernement.

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            L’expression « Mot du jour » ne signifie pas qu’il puisse y avoir sur ce site une chronique par jour de l’année, soit 365 chroniques par an.  Il faut comprendre que c’est la chronique du jour indiqué…

            L’organisation et l’animation des nombreuses dictées et autres événements, les réponses aux nombreuses questions des internautes, les conférences, etc., ne laissent pas assez de temps pour rédiger quotidiennement des chroniques qui soient autre chose que de courts billets.

            Par ailleurs, les informations concernant les dictées et autres événements seront diffusées dès que possible et en temps utile, et répétées,  y compris par des messages d’information hors chroniques.