La question du jour (et la réponse)
« Salut & Fraternité,
Je suis en train de réfléchir à la conception d’un modeste ouvrage à partir d’un poème de Victor Hugo : À QUI LA FAUTE, dont je brûlerai le bord des pages pour suggérer le sauvetage d’un autodafé.
Dans ce poème, il y a deux vers qui me posent problème :
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans différentes versions, il y a une capitale et un s. Il me semble qu’il ne devrait pas y avoir de capitale ou qu’il ne devrait pas avoir de pluriel. Capitale sans pluriel ou pluriel sans capitale, ou capitale et pluriel ? Toutefois, comme c’est de la poésie, la règle est peut-être différente. Là est la question.
Peux-tu me renseigner ?…
Merci de ton attention et bon dimanche. »
———————————————————————-
Bonjour, ami de la gent typo !
J’espère que tu vas bien, que vous allez bien tous les deux.
Ta question n’a pas UNE réponse, et l’usage flotte bigrement… Je m’en tiendrai donc à une réponse succincte…
1° En principe, on doit faire la différence entre : « Mais où sont les Danton, les Saint-Just, les Robespierre ?! », quand la signification fait appel à un pluriel par emphase ( = « Mais où est le fameux Danton, l’illustre Saint-Just, l’exceptionnel Robespierre… ? »), où, logiquement, l’invariabilité va de soi (la majuscule aussi) − et : « Mais où sont les Dantons, les Saint-Just (« Saint-Justs ??? » = quand le nom propre est formé de plusieurs éléments, on hésite à mettre une marque du pluriel), les Robespierres dont la France aurait tant besoin ??? »; en principe, en cet emploi métonymique, ces noms prennent la marque du pluriel… Mais l’usage est très divisé, y compris pour la majuscule (d’autant plus que certains noms, par antonomase, deviennent des noms communs de types de personnes : « des harpagons », « des robinsons », « des don Juan(s) »…).
Le fait qu’il s’agisse de poésie ne joue pas… sauf, peut-être, si d’éventuelles liaisons modifient le nombre des pieds.
A priori, quand on connaît un peu « Totor » Hugo, celui-ci devrait avoir opté pour majuscule + pluriel…. mais, MAIS, il est bien difficile de distinguer, ici, le sens exact (auteurs, œuvres… ) !!! De plus, le Totor mélange pluriels et singuliers : « Homères », « Jobs », « Molière », « Voltaire »… Pfffff !! Sans oublier le pluriel à » terribles »… :
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
Bref, personne ne saurait trancher péremptoirement, je pense… Alors, je me rallie à la version ici donnée…
Bien amicalement.