Archives mensuelles : juin 2023

Le mot du 30 juin 2023 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Bonjour, Monsieur Colignon,

            Existe-t-il un verbe pour qualifier le fait de faire d’une personne un objet (ou de la considérer comme telle) ?

            Dans un livre, j’ai trouvé « objectalisant » (donc, d’un supposé verbe objectaliser…).

            Le verbe chosifier pourrait-il convenir ?

            Merci beaucoup ! »

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Bonsoir,

« Chosifier » n’est pas très beau ; fait populaire, familier… mais il est compréhensible.

« Réifier » n’est utilisé que par les philosophes et par les « super-élites », il me semble… mais ça correspond à la définition.

« Objectaliser » ?…  On devrait dire : « objétiser » !…   Mais ce dernier verbe n’est avancé, retenu, que par des dictionnaires n’appartenant pas aux « ouvrages de référence »…

Bien amicalement.

Le mot du 29 juin 2023 (1)

La perle d’inculture du jour

Un fidèle du site, Philippe Loffredo, me transmet l’ « hénaurmité » ci-dessous, commise sur figaro.fr

Sans commentaires, hélas… !

Le mot du 28 juin 2023 (2)

La deuxième question du jour (et la réponse)

(Troisième question d’hier, en réalité, faisant partie d’un même courriel…)

            « 3 –  J’ai toujours cru qu’on ne devait pas utiliser d’adjectifs possessifs devant les parties du corps (à l’inverse de l’anglais). Or je lis souvent chez de grands auteurs, par exemple : « il frotta ses mains l’une contre l’autre » ; “il ouvrit ses yeux”, etc. Il se frotta lesmains et il ouvrit les yeux me paraissent être des tournures  plus correctes et suffisamment explicites… ?

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Je ne comprends pas cette remarque 3…  Jamais entendu parler de cela…  Vais chercher…   On dit bien : « son mollet droit le faisait souffrir »;   « ses pieds, trop larges, étaient toujours compressés  par les chaussures »;  « elle croisa ses mains déformées par l’arthrose »…  Quand les parties du corps ne sont pas qualifiées, en revanche, effectivement, et cela vous donne raison : « il leva les yeux », « elle baissa les bras »………. mais on dit bien, pourtant : « elle frotta ses mains l’une contre l’autre »…  Cette dernière construction serait-elle illicite, et devrait-on dire constamment : « elle se frotta les mains l’une contre l’autre » ?  « Elle se frotta les mains » tout court peut prendre une acception distincte   =   (… de satisfaction).

Le mot du 28 juin 2023 (1)

La question du jour (et la réponse)

 

            « Bonjour, Monsieur Colignon,

            Je sais que l’usage hésite… Mais, dans ce cas précis, quelle graphie conseilleriez-vous, pour écrire « des Ponce Pilates » ?

            Merci beaucoup ! »

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Bonjour,

Votre question recoupe une des questions auxquelles j’ai répondu hier après-midi sur le site !

J’y disais donc que quel soit l’emploi il est bien difficile de marquer le pluriel à des noms comportant plusieurs éléments   (prénom + nom, par exemple)…  La raison porte à laisser le tout invariable  :  « Il est loin, le temps des Ponce Pilate »;  « Pour bâtir une solide et nouvelle Constitution, écartons les  Ponce Pilate, et  confions la République à des Hoches, à des Carnots, à des Denfert-Rochereau ! ».

Bien amicalement.

Le mot du 27 juin 2023 (2)

La deuxième question du jour (et la réponse)

Cher ami,
Comment allez-vous ? Je reçois moins de sélections ; j’espère que ce n’est pas dû à des soucis de santé que vous auriez, mais plus simplement à un ralentissement (compréhensible) de votre activité.

J’aurais besoin, si vous le voulez bien, de votre éclairage sur différents cas de grammaire ou de vocabulaire :
1- je lis dans Genitrix : « des petits pois frais cueillis… ». « Frais » reste-t-il invariable si l’on parle de tomates ? Ou « fraîche » au singulier ?
2- Dans « il se rangea à l’avis de ses collègues, bien qu’il en eût », cela veut-il dire : « à contrecoeur » ?

 3- J’ai toujours cru qu’on ne devait pas utiliser d’adjectifs possessifs devant les parties du corps (à l’inverse de l’anglais). Or je lis souvent chez de grands auteurs, par exemple : « il frotta ses mains l’une contre l’autre » ; « il ouvrit ses yeux », etc. Il se frotta les mains ; il ouvrit les yeux, me parait plus correct et suffisamment explicite.

4- Je suis sûre qu’il ne vous aura pas échappé que l’adverbe « véritablement » est aujourd’hui employé à tire-larigot ? Par les médias bien sûr ! « Vraiment » ne convient-t-il plus ?

Je vous remercie par avance de contribuer à améliorer ma culture littéraire et vous adresse mes plus cordiales salutations.

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Réponse à question 2 : dans « il se rangea à l’avis de ses collègues, bien qu’il en eût », cela veut-il dire « contre son gré » ?

Oui, cela équivaut à   « à contrecoeur », « contre son gré »…

 A priori, la formule est : « malgré que »,  locution vieillie et littéraire. Elle s’emploie donc dans la construction « malgré que » + pronom personnel sujet + le verbe avoir au subjonctif » et signifie « contre mon/ton/son gré », « à contrecoeur ». Exemple,  ce passage de Mérimée issu de Carmen : « Il faut bien que je vous aime, malgré que j’en aie, car, depuis que vous m’avez quittée, je ne sais ce que j’ai.»

(Qu’en est-il de la formule   » malgré que + être, faire, écrire… » ? Peut-on la mettre à l’indicatif ? Bien que l’on retrouve un emploi prohibé de la locution dans la rue ou dans la littérature (« Malgré que rien ne puisse servir à rien, nous faisons sauter les ponts quand même », Saint-Exupéry),  l’Académie française est très claire à ce sujet : la locution conjonctive ne peut exister qu’employée avec le verbe avoir conjugué au subjonctif.)

Des « puristes »   (« hyperpuristes » ?!) estiment qu’avoir fait de « malgré que » un équivalent de « bien que » est à éviter. Selon d’aucuns, l’expression malgré que ne peut être un synonyme de quoique, et seule l’expression figée malgré que j’en aie, signifiant « malgré moi », « malgré mes hésitations », est correcte, toujours selon  ces « puristes », qui refusent une évolution de l’usage.

Cordialement.
 

Le mot du 27 juin 2023 (1)

La question du jour (et la réponse)

            « Cher ami,


            Comment allez-vous ? Je reçois moins de sélections ; j’espère que ce n’est pas dû à des soucis de santé que vous auriez, mais plus simplement à un ralentissement (compréhensible) de votre activité.

            J’aurais besoin, si vous le voulez bien, de votre éclairage sur différents cas de grammaire ou de vocabulaire :


1- Je lis dans
Genitrix : « des petits pois frais cueillis… ». « Frais » reste-t-il invariable si l’on parle de tomates ? Ou « fraîche » au singulier ?


2- Dans
« il se rangea à l’avis de ses collègues, bien qu’il en eût« , cela veut-il dire « contre son gré » ?


3- J’ai toujours cru qu’on ne devait pas utiliser d’adjectifs possessifs devant les parties du corps (à l’inverse de l’anglais). Or je lis souvent chez de grands auteurs, par exemple : « il frotta ses mains l’une contre l’autre » ; « il ouvrit ses yeux », etc. Il se frotta les mains ; il ouvrit les yeux, me paraît plus correct et suffisamment explicite.


4- Je suis sûre qu’il ne vous aura pas échappé que l’adverbe « véritablement » est aujourd’hui employé à tire-larigot ? Par les médias bien sûr ! « Vraiment » ne convient-il plus ?

Je vous remercie par avance de contribuer à améliorer ma culture littéraire et vous adresse mes plus cordiales salutations. »

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Je réponds, en prenant les questions l’une après l’autre…

1°   La position de l’Académie française expose bien l’état de l’usage contemporain.  Les dictionnaires dits de référence recoupent généralement cette position :

« Frais, bien qu’employé adverbialement, s’accorde souvent en genre et en nombre avec un participe passé au féminin. Une fleur fraîche éclose. Des roses toutes fraîches cueillies. (On dit plus couramment fraîchement.) 

Bien cordialement.

Le mot du 26 juin 2023 (2)

La deuxième question du jour (et la réponse)

            « Bonjour, Monsieur Colignon,

            Je n’arrive pas à retrouver trace du mot « dominique » en tant que nom commun féminin, dans le sens de « 
[réelle] sieste du dimanche ». Ai-je rêvé, ai-je extrapolé à partir de « repos dominical » ?

            Il me semble pourtant bien l’avoir appris il y a longtemps, j’avais d’ailleurs trouvé cela plaisant.

            Cette acception vous dit-elle quelque chose ?

            Cordialement. »

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Bonjour,

Non, je ne connais pas… et je ne trouve rien.  À part une signification liée à la marine, voire à la période de 1918  :  « boîte qui contient la paie de l’équipage »  (=  sans doute allusion à un responsable, à un intendant, connu en un lieu précis, École navale (?), en 1918 (?), pour distribuer les paies)…

Sur internet, on trouve évidemment de tout, y compris une personne répondant au nom de………. Dominique Sieste. 

Jeu de mots ponctuel, dans un certain microcosme professionnel ou familial, sur « dodo » et « Dominique » ??  Bof…

Désolé…

Bien cordialement.

‌           

           

Le mot du 26 juin 2023 (1)

La question du jour (et la réponse)

« Salut & Fraternité,

            Je suis en train de réfléchir à la conception d’un modeste ouvrage à partir d’un poème de Victor Hugo : À QUI LA FAUTE, dont je brûlerai le bord des pages pour suggérer le sauvetage d’un autodafé.

            Dans ce poème, il y a deux vers qui me posent problème :

Dans le divin monceau des Eschyles terribles,

Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,

            Dans différentes versions, il y a une capitale et un s. Il me semble qu’il ne devrait pas y avoir de capitale ou qu’il ne devrait pas avoir de pluriel. Capitale sans pluriel ou pluriel sans capitale, ou capitale et pluriel ? Toutefois, comme c’est de la poésie, la règle est peut-être différente. Là est la question.

            Peux-tu me renseigner ?…

            Merci de ton attention et bon dimanche. »

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Bonjour, ami de la gent typo !

J’espère que tu vas bien, que vous allez bien tous les deux.

Ta question n’a pas UNE réponse, et l’usage flotte bigrement…    Je m’en tiendrai donc à une réponse succincte…

1°  En principe, on doit faire la différence entre : « Mais où sont les Danton, les Saint-Just, les Robespierre ?! », quand la signification fait appel à un pluriel par emphase ( =  « Mais où est le fameux Danton, l’illustre Saint-Just, l’exceptionnel Robespierre… ? »),  où, logiquement, l’invariabilité va de soi (la majuscule aussi)   −   et  :  « Mais où sont les Dantons, les Saint-Just (« Saint-Justs ??? »  =   quand le nom propre est formé de plusieurs éléments, on hésite à mettre une marque du pluriel), les Robespierres dont la France aurait tant besoin ??? »;  en principe, en cet emploi métonymique, ces noms prennent la marque du pluriel… Mais l’usage est très divisé, y compris pour la majuscule  (d’autant plus que certains noms, par antonomase, deviennent des noms communs de types de personnes : « des harpagons », « des robinsons »,  « des don Juan(s) »…).

Le fait qu’il s’agisse de poésie ne joue pas… sauf, peut-être, si d’éventuelles liaisons modifient le nombre des pieds.

A  priori, quand on connaît un peu « Totor » Hugo,  celui-ci devrait avoir opté pour majuscule + pluriel…. mais, MAIS, il est bien difficile de distinguer, ici,  le sens exact (auteurs, œuvres… ) !!!  De plus, le Totor mélange pluriels et singuliers :  « Homères »,  « Jobs »,  « Molière », « Voltaire »…   Pfffff !!   Sans oublier le pluriel à  » terribles »…  :

Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !

Bref, personne ne saurait trancher péremptoirement, je pense…  Alors, je me rallie à la version ici donnée…

Bien amicalement.

Le mot du 9 juin 2023 (1)

La question du jour (et la réponse)

            Bonjour,


            Je sollicite votre aide pour résoudre une question d’accord.
            Dans l’expression « ils se sont tourné(s) autour », faut-il accorder le participe passé ?
Je penche personnellement pour le non-accord, car je considère qu’il s’agit là d’un verbe réciproque indirect – ils ont tourné autour de qui ? – , contrairement au verbe réfléchi d’une phrase comme « ils se sont tournés vers moi », dans laquelle « se » est indéniablement COD.
Il ne s’agit pas non plus, à mon sens, d’un verbe pronominal de sens indistinct.
Cependant, en effectuant quelques recherches sur le web, j’ai rencontré plusieurs occurrences d’accord, mais aussi, quoique moins nombreuses, quelques occurrences de non-accord…
            Qu’en pensez-vous ? Je vous serais très reconnaissante de m’aider à sortir de cette impasse…

            Bien cordialement.


Bonjour,

Rigoureusement, « se tourner autour » étant la construction pronominale d’un verbe réciproque indirect, le participe doit rester invariable puisqu’il n’y a pas de COD.  Le chat a tourné autour du chien, et réciproquement  = « ils se sont tourné autour ».

… Mais tout le monde (ou quasiment, dirait-on) fait l’accord !  Peut-être comme si « se tourner » était ici ce que certains nomment « pronominaux autonomes », dont l’utilisation a un sens propre, particulier   (cf.  « elle s’est servi du vin »  //  « elle s’est servie du tournevis »…).  Ou, tout simplement, en faisant une faute…

Bien cordialement.

Le mot du 8 juin 2023

La question du jour (et la réponse)

            Bonjour, Monsieur,


            Si vous avez le temps de me préciser l’orthographe du mot « comté » au pluriel, je vous en saurais gré,

            Merci par avance.

            Bonne continuation à vous.


PS : phrase trouvée sur le site « du fromage Comté »

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Bonjour, Madame,

Les défenseurs-promoteurs-fabricants-vendeurs DU comté se tireraient stupidement une balle dans le pied s’ils mettaient « comté » au pluriel !!!!

« Comté » est l’appellation d’origine d’UN fromage français transformé principalement en Franche-Comté et bénéficiant d’une AOC depuis 1958 et d’une AOP depuis 1996. Son aire de production s’étend dans le Jura, le Doubs et l’est de l’Ain.  Le singulier est obligatoirement à respecter !

Seulement, dans leur volonté de faire la promotion de CE fromage, les fabricants emploient comme argument publicitaire que chaque fruitière (et allons-y pour « mille fruitières » !!) proposerait une saveur particulière DU comté…  C’est évidemment excessif, mais, bon, il y a certainement des nuances (peut-être minimes) de saveur d’une fruitière à une autre, d’un fabricant à un autre…  Mais à l’intérieur de l’appellation COMTé.

Cela nous amène donc à la graphie bizarroïde, mais logique  (hum),   « 1 000  comté », pour signifier : « les 1 000  saveurs DU comté »  (formulation inattaquable).

Bien cordialement.