Archives de Catégorie: De P à T

P

Place Vendôme (la)

« Pourquoi y a-t-il une majuscule à « Place Vendôme », je l’ai relevée dans plusieurs articles de presse ? Est-ce parce qu’il s’agit d’une place d’un quartier chic, avec des boutiques de luxe ?… », nous demande un internaute belge.

Non : l’orthographe, et l’orthotypographie en particulier, ne dépend pas de la richesse ou de la pauvreté des lieux…  Si vous avez vu une majuscule à Place, c’est qu’il y avait une faute. Ou, alors…

… Ou bien, alors, c’est parce qu’il y avait une antonomase (l’emploi d’un surnom ou d’une périphrase pour désigner quelqu’un ou quelque chose). En l’occurrence, ici, le ministère de la Justice, sis place Vendôme :  Mme Rachida Dati devrait quitter bientôt la Place Vendôme. (On emploie couramment cette figure de rhétorique : « le Quai » ou « le Quai d’Orsay » (pour le ministère des Affaires étrangères »), la Place Beauvau » (pour le ministère de l’Intérieur), etc.)

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Pléonasmes

Peut-on me reprocher d’écrire « il faut s’assurer qu’ils n’ont pas dans le sang  un taux d’alcoolémie supérieur à… » ?, se demande une correspondante du midi de la France.

Eh bien oui, car c’est là un pléonasme, c’est-à-dire cette faute de langage consistant à employer des mots ou expressions inutiles. Les pléonasmes usuels les plus banals sont : « voler dans l’air », « construire des maisons neuves », « nager dans l’eau », « dune de sable », « s’entraider mutuellement », etc.

Le suffixe « -émie » (de même que le préfixe « héma- », « hémo- ») représente la racine grecque « hémaitos », qui signifie « sang », de sorte qu’  « alcoolémie » veut dire « présence d’alcool dans le sang ». (Cf. « urémie » = « présence d’urée dans le sang », etc.)

Il faut donc dire, dans ce cas :  « un taux d’alcool », puisqu’il était précisé « dans le sang ». De plus, « taux d’alcoolémie » est également pléonastique, car le dernier mot a aussi pour acception « taux d’alcool dans le sang ». On peut donc écrire, plus simplement : « … qu’ils n’ont pas dans le sang une alcoolémie supérieure à… ».

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 « Plier bagage » (pourquoi figé au singulier ?)

On part « avec armes et bagages », selon les dictionnaires, mais ces derniers donnent « bagage » au singulier dans « plier bagage« … Pourquoi ?!

Il n’est pas possible de donner une explication cartésienne, logique, pour tous les choix orthographiques qui se sont imposés au fil des siècles, qui ont été entérinés par l’usage…

Essayons tout de même d’apporter une réponse : dans les expressions anciennes comportant avec armes et bagages, on fait porter l’accent sur la grande quantité de matériels, sur la totalité de multiples choses : « se rendre avec armes et bagages », c’est accepter une entière défaite, où l’on remet au vainqueur vraiment toutes les choses.

Dans plier bagage, on entend par le dernier mot  –  au singulier  –  les effets, les objets que l’on emporte avec soi lors d’un voyage, d’une expédition. L’emploi de ce singulier est ancien : « Elle avait pour tout bagage une malle et un carton à chapeau »; « Son unique valise contenait tout son bagage »; « le bagage du soldat se compose de… ». Le mot a donc été régulièrement employé au singulier, naguère, non pas pour désigner une mallette, un coffre, une valise (d’où, aujourd’hui, « les bagages » = les valises, les paquets, etc.), mais l’ensemble d’UN attirail, d’UN fourbi, contenants et contenus compris. De là vient le singulier dans plier bagage.

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« Point » à la place de « non »

Une jeune écrivaine voudrait savoir si l’on peut employer « point », seul, en tant que réponse négative…

Oui, cela est licite, mais frise l’archaïsme et/ou la préciosité… Cet emploi doit être en phase avec le contexte : « Viendrez-vous ? – Point ! » (au sens de « Non point ! »). L’usage normal contemporain est de répondre tout simplement : « Non ! ».

Au lieu de « pas » et de « ne pas » (loc. adv. et adv. négatifs), on peut dire et écrire « point » et « ne point », mais, encore une fois, cela relève quelque peu de l’archaïsme. Toutefois, « point » est très utile pour éviter la répétition de « (ne) pas » quand celui-ci figure déjà dans la phrase. Exemple : « Je n’ai PAS voulu lui dire de ne POINT se déranger » ; « Je ne lui ai POINT dit que je n’irai PAS à Bruges ». La formulation peut y gagner en élégance. Hors ce risque de répétition, « point » s’emploie encore parfois, tantôt par recherche du bien-dire (« Ne vous troublez point, chère amie »), tantôt, au contraire, par imitation du parler campagnard (« J’irons point à la fouère ! » ; « Tout ça, c’est bien beau… mais c’est point tout ! »).

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« Pour tout de bon »

« Est-il correct de dire : Il est parti pour tout de bon  ?, nous demande un fidèle correspondant de Nantes.

La faute est sans doute vénielle, mais il faut s’abstenir d’employer cette tournure, généralement jugée comme étant de style familier, relâché…  On peut tolérer pour de bon, alors que la langue soutenue (mais rendue peut-être un peu archaïque par l’évolution du langage) exige  –  exigeait…  –  tout de bon (il est parti tout de bon).

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Présent(s)

         Un excellent familier des dictées nous interroge sur un problème qui, manifestement, suscite une perplexité générale : « Je sèche devant la phrase suivante : « Plusieurs responsables et personnalités politiques ont répondu présent… ». Le pluriel ou non à accorder au mot présent me pose une colle. Par avance, merci pour le temps que vous voudrez bien m’accorder pour résoudre cette énigme. »

         J’ai envoyé ma réponse à cette personne qui souvent a été sur le podium de mes dictées. Mais, comme il s’agit d’une interrogation récurrente, que nombre d’usagers du français partagent, je reproduis question et réponse (de façon anonyme, évidemment, c’est le principe de ce site) dans ce service de dépannage de langue française. Cela, tout en redisant que je ne suis ni omniscient ni infaillible. « Avec ce que je sais, on peut écrire un dictionnaire ; avec ce que je ne sais pas, on peut monter une bibliothèque. »

         Il faut accorder dans le style direct :

            « Élève Sigismond Barbenpointe ?…

          – Présent !

          – Angèle Delta ?…

          – Présente !

          – Alex et Alain Térieur ?…

          – Présent(s) ! » (Ou chacun réponse individuelle, ou réponse collective des jumeaux !)

         Sinon, je pense qu’il faut laisser invariable : « Ces associations caritatives ont toujours répondu présent ! ».

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« président » ou « Président » de la République ?

« Faut-il une majuscule à « président » dans « président de la République » ?, telle est une question récurrente au sein des centaines de questions arrivant chaque semaine…

Non, le terme important est République, raccourci pour la République française, nom de notre pays, via un terme désignant aussi la forme de régime politique. Les personnes élues à l’Elysée n’en sont que des locataires provisoires, alors que l’Etat républicain, lui, est une entité en principe immuable, bien plus importante.

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Prononciation (fort)

Faut-il prononcer le « t » final de « fort » dans l’expression « fort aimable » ?…

Non, la liaison se fait avec le « r » (et non avec le « t ») : « Il est for-aimable ». La prononciation du « t » est donc réservée au féminin « forte ».

Au masculin pluriel, le « s » ne se lie pas non plus ; Littré donne l’exemple : « des hommes for[ts] et hardis ».

Prononciation (pupille)

Nom féminin au sens oculaire, pupille est masculin au sens d’ « orphelin assisté ». Il faut dire, en principe, « pupile« , comme s’il n’y avait qu’un « l »… Et, effectivement, des poètes classiques en ont tenu compte, tel V. Hugo dans Dieu (« Les voix ») [remarquer au passage l’élision du « s » final de « Thèbes », pour la métrique] :

     Va de Thèbe Heptapyle à Thèbe Hécatompyle;

      Eblouis-toi d’énigme et d’effoi la pupille.

Les choses ont évolué… On entend aujourd’hui la prononciation « ye » pour toutes les acceptions; surtout au sens oculaire. Lorsque le mot est masculin, l’usage est un peu plus partagé, et la prononciation « ile » demeure…

Q

ès qualités

Faut-il vraiment mettre « qualités » au pluriel dans « ès qualités« , s’étonne une consoeur journaliste d’un journal hebdomadaire de l’Ouest…

Mais oui : il n’y a pas d’exception !  Du fait que « ès » est la contraction de « en » plus « les », cette préposition doit forcément, et toujours, précéder un mot au pluriel, que ce soit dans « docteur ès sciences », « expert ès fromages » ou « agir ès qualités » !

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« Quel(le) que » (mode du verbe après)

« J’ai été étonné de lire, dans un journal : « […] et, cela, quel que sera le résultat de l’élection »… Cette construction est-elle correcte ?

Non… Nous avons ici une bévue grammaticale, la formulation est incorrecte. Quel(le) que exige le subjonctif. Pour exprimer le futur dans le subjonctif, il faut employer le verbe accidentellement auxiliaire devoir.  Ici, on corrigera la phrase en : « … quel que doive être le résultat de l’élection ».

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 « les quelque »

Lorsque l’on dit « quelque cinquante employés vont être licenciés », je suis d’accord : quelque est un adverbe, donc demeure invariable. Mais, lorsque l’on dit : « les quelque(s) cinquante employés qui vont être licenciés« , pour moi le quelque est un adjectif, donc variable, car, pour moi, on ne peut pas dire : « les environ cinquante employés… » Mais je ne suis pas sûre de mon raisonnement, et j’ai peur d’introduire une faute… Aurez-vous la gentillesse, une fois de plus, d’éclairer ma lanterne ? », nous écrit une correctrice d’édition…

Désolé de contredire une jeune « pêcheuse de perles (orthographiques) »… qui se complique inutilement la vie. Même associé à les, quelque est bien encore un adverbe, et invariable, au sens de « la cinquantaine d’employés », « les cinquante employés, environ »…

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« Quiconque » comme sujet

« Doit-on vraiment n’employer « quiconque » que comme sujet  ? », nous demande un élu de la République.

Le mot quiconque revient assez souvent dans des textes officiels, et la question est légitime… D’autant plus légitime qu’il y a deux avis !

Ce pronom indéfini, qui n’a pas de pluriel, doit  –  selon les puristes  –  être obligatoirement un sujet : « Quiconque aura enfreint la loi… ». Selon eux, toute autre construction est incorrecte, telle la phrase suivante : « Je ne me fierais jamais à quiconque en pareille circonstance ! ». Il faudrait, ici, écrire : « Je ne me fierais jamais à qui que ce soit… ».

En revanche est excellente, en toute rigueur, la formulation ci-après : « Je ne me fierais jamais à quiconque ne me donnerait pas des garanties suffisantes », car ici quiconque est sujet d’un verbe (donner).

Cette façon d’écrire est assurément toujours la plus pure, et l’on ne peut que la recommander. L’usage  –  ce grand maître qui finit par tout imposer  –  tranchera peut-être au fil des années en faveur du « ad libitum », voire en faveur de la construction aujourd’hui encore critiquée.

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R

« Rectitudinaire » : barbarisme ?

Un internaute s’étonne d’avoir trouvé le mot « rectitudinaire« , qu’il compare à « bravitude » (dont on a beaucoup parlé !), et voit dans ces deux mots des barbarismes à condamner…

A notre connaissance, l’adjectif « rectitudinaire » a été forgé par le linguiste Julien Teppe, auteur de « Caprices du langage », un ouvrage très intéressant.

C’est d’ailleurs dans ce livre qu’il se justifie d’avoir créé et introduit ce mot dans un de ses romans par le fait qu’il n’en existait pas d’autre qui pût exprimer la nuance désirée, « hormis le désuet « droiturier », cher à Montaigne mais insuffisant dans la mesure où la rectitude se différencie de la droiture ».

Le terme n’a pas fait florès, et il est même étonnant qu’on puisse le trouver dans un texte… Quant à « bravitude » exprimant une autre notion (« attitude marquant la bravoure », par exemple) que « bravoure », cela peut éventuellement s’admettre, dès lors que ce mot est employé sciemment, à bon escient…

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Partisans de Ségolène Royal : « royalistes » ou « Royalistes » ?

Une charmante jeune consoeur journaliste se demande si, afin d’éviter des confusions, il ne faudrait pas mettre une majuscule à « Royalistes » quand il s’agit des partisans de Ségolène Royal…

Non, le contexte, en principe, éclaire suffisamment les lecteurs pour que ceux-ci ne prennent pas les supporte(u)rs socialistes de Ségolène Royal pour des adeptes de la monarchie !  De plus, cela romprait l’uniformité qui règne pour « jospiniens » ou « jospinistes », « fabiusiens », « strauss-kahniens », « delanoïstes », « mitterrandiens », etc.

On devrait voir réapparaître « aubryistes » (plutôt que « martinistes »), aussi.

« Ségolistes » est parfois employé, voire « ségolénistes », mais cet usage est très minoritaire. Le… « courant »  (A, B, C, ou Z !!) ne passe pas entre ce terme et les médias.

S

« Saxon »

« Pourquoi appelle-t-on « un saxon » une personne qui trahit son camp ? », nous demande un groupe de collégiens.

Saxon a pris le sens de « félon », de « traître », à la suite de la bataille de Leipzig (octobre 1813), dite « bataille des nations » tellement fut grand le nombre des soldats engagés… Les combats furent acharnés, et meurtriers. Les coalisés, plus nombreux, finirent par l’emporter sur Napoléon.

Un des faits marquants fut le passage à l’ennemi, en pleine bataille, des troupes saxonnes, censées être du côté des Français… Ce retournement de veste  –  ou d’uniforme  –  à la dernière minute fut considéré  –  côté français  – comme le comble de la félonie.

A partir de là, donc, ce qualificatif méprisant a été associé à des individus qui changent de camp, de parti, au dernier moment, par arrivisme, esprit de lucre,

ressentiment, déception d’ambitions dévorantes… Si  « transfuge » désigne quelqu’un qui, généralement, n’attend pas le dernier moment pour changer de camp, le « saxon« , lui, est le traître absolu, reniant à la dernière seconde, par intérêt et/ou vengeance,  ce qu’il a dit ou écrit, quittant ses « amis » avec armes et bagages (c’est-à-dire, éventuellement, avec fichiers et dossiers)…

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« Second conflit mondial »

« Comme il faut écrire Seconde Guerre mondiale avec deux majuscules, faut-il en faire autant avec « second conflit mondial » ? », nous demande un correspondant des Bouches-du-Rhône.

Non : Seconde Guerre mondiale est un nom propre  –  une dénomination historique consacrée  -, ce qui n’est pas du tout le cas de « second conflit mondial« , qui n’est qu’une façon de désigner cette guerre mondiale.

Rappelons qu’il faut dire « Seconde », et non « Deuxième », puisque, au total, pour l’instant, il n’y a eu que deux guerres mondiales dans l’Histoire. De la même façon que l’on doit dire « le second semestre » (puisqu’une année comporte deux semestres) et « le Second Empire » (la France ayant eu par deux fois, au total,  un régime impérial).

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« Sérendipité » (que désigne exactement le mot) ?

« Que faut-il entendre par « sérendipité« , exactement ? », nous demande une familière des dictées…

Ce mot est le calque de l’anglais serendipity, créé par le Britannique Horace Walpole (1717-1797), dans sa fameuse correspondance. Dans une lettre de 1754, il décrit un portrait de femme, et dit avoir alors découvert, à point nommé, l’explication d’un détail relevant de l’héraldique. Walpole ajoute qu’il est doué pour « ce genre de découverte [qu’il] appelle « serendipity », d’après un conte oriental lu autrefois : les Trois Princes de Serendip, qui découvraient toujours, par accident et sagacité, des choses qu’ils ne cherchaient pas. Par exemple qu’une mule [le conte parle, en fait, d’un chameau], borgne de l’oeil droit, avait suivi le même chemin qu’eux peu auparavant. L’herbe était en effet mangée seulement du côté gauche… où pourtant elle était moins belle que de l’autre. »

La définition la meilleure serait donc celle-ci : « don de faire des découvertes par hasard, en cherchant éventuellement tout autre chose, et par sagacité ». Sherlock Holmes, normalement, avec son sens de l’observation hors du commun et son esprit de déduction surdéveloppé, aurait dû passer entièrement ses journées à démontrer sa sérendipité en plus de mener ses enquêtes logiques et rationnelles!

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Sigle militaire : « RPIMA », « R.P.I.M.A. », « RPIMa », ou… ?

Les événements tragiques survenus au Pakistan [la mort de plusieurs soldats français] ont fait que le sigle « RPIMA » a figuré dans de nombreux articles de presse et dans des incrustations, à la télévision. Or plusieurs de nos correspondants s’agacent d’avoir relevé des graphies divergentes à longueur de journée ! Quelle doit être l’orthographe exacte : « R.P.I.M.A. », « RPIMA », Rpima », « RPIMa », « R.P.I.Ma. »… !!?

L’ignorance, le manque de rigueur, sont à l’origine de nombre de graphies fautives relevées dans les médias. Au temps où l’on écrivait les sigles avec des points, ce qui apportait une grande précision, on écrivait : « le 3e R.P.I.Ma. », « le 21e R.I.Ma. », etc., pour désigner par abréviation le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, le 21e régiment d’infanterie de marine, etc. N’étant pas l’initiale d’un mot, mais seulement la deuxième lettre du mot « marine », le « a » doit être en minuscule, même depuis que l’on a renoncé, pour alléger les textes mais au détriment de la précision, à mettre les points d’abréviation. La seule graphie correcte est donc : « le 3e RPIMa » (encore une fois, par une simplification abusive qui contribue à faire disparaître la signification des sigles, nombre de médias écrivent « RPIMA, RIMA, RBIMA, DIMA », etc.)

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sortie(s) « en salle » ou « en salles » ?

Une correctrice, un peu désorientée par les contradictions entre auteurs,entre journalistes, voire entre ouvrages de référence, nous demande s’il faut mettre le singulier ou le pluriel à « salles » …

Traditionnellement, l’usage orthodoxe est d’employer le singulier dans les expressions sortie(s) en salle, sortie(s) en librairie, etc. Mais c’est là un « bon usage » de naguère, semble-t-il, puisque le propre du « bon usage » est d’évoluer constamment sur tel ou tel point… En 2008, l’usage courant est d’adopter le pluriel : la sortie en salles, en librairies, parce que les usagers de la langue  voient concrètement la projection d’un film dans des salles de cinéma, la distribution d’un livre par les libraires, dans les librairies…

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Stupéfait, stupéfié

Je ne comprends pas pourquoi il ne faut pas dire : « le désordre de la chambre avait stupéfait la grand-mère », s’étonne une internaute de Paris…

On ne peut pas utiliser « stupéfait » à la façon d’un participe passé… puisqu’il n’y a pas de verbe « stupéfaire ». C’est « stupéfié » (participe passé du verbe transitif « stupéfier ») qui convient : « … avait stupéfié la grand-mère ».

En revanche, il est parfaitement correct de dire : « J’ai été stupéfait [= adjectif] tant ce spectacle était impressionnant ». Sinon, il faut : « Ce spectacle impressionnant m’a stupéfié ».

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« Supplanter » / « suppléer »

Quelle différence y a-t-il précisément entre « suppléer » et « supplanter » ?, nous demande une étudiante de 1re.

Ces verbes paronymiques n’ont pas le même sens. Si l’on remplace momentanément un collègue absent, on le « supplée ». Si l’on prend sa place, parce que l’on est jugé meilleur, plus sérieux, etc., que lui – ou parce que l’on a intrigué pour l’évincer ! -, on le « supplante ».

« Supplanter » est exclusivement transitif direct, tandis que « suppléer » admet aussi un complément indirect : « son ingéniosité supplée à son inexpérience ».

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T

Minuscule ou majuscule à « terre » ?

« Faut-il, ou non, une majuscule à « terre » quand on écrit : « Avant la venue de l’homme sur terre, les […] » ?, nous demande une jeune correspondante de Boulogne-Billancourt (92).

Lorsque Terre a l’acception de « planète », la majuscule est obligatoire : De la Terre à la Lune (roman de Jules Verne);  « La Lune est un satellite de la Terre« …

En revanche, quand le mot prend la signification de « milieu où nous vivons »,  » le milieu où vit notre humanité », c’est la minuscule qui est la norme : « Tant qu’il y aura des hommes sur terre« , « Ces gens sont les plus malheureux de la terre« , « Pour les catholiques, le pape est le représentant de Dieu sur la terre« , etc.

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« train de Cologne (le)« 

« Est-il correct de dire « le train de Cologne partira de la voie 4″ ? « , nous demande une secrétaire de rédaction.

Il n’est pas pendable de dire, voire d’écrire, cela, mais  –  rigoureusement  –  « le train de Cologne«  devrait être réservé à la désignation d’un train VENANT de Cologne. Pour parler d’un train ayant Cologne pour destination, on devrait toujours dire : « le train pour Cologne »… En tout cas, si l’on est écrivain ou journaliste… à moins de prêter à un personnage ou à une personne le parler un peu négligé de la langue familière.

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Traits d’union dans les noms des rues

« Faut-il, oui ou non, mettre des traits d’union dans les noms des rues ? », demande le premier maire adjoint d’une ville du Centre.

Même si la signalétique n’est pas appliquée avec rigueur dans toutes les administrations, ce qui est bien dommage, la réponse est sans appel : c’est oui !

Si Saint-Malo s’écrit avec un trait d’union, c’est parce qu’il s’agit d’une ville, et non du saint (… saint Malo) dont elle tire son nom. Si j’écris : « J’ai vu Roland-Garros », avec un trait d’union, c’est qu’il s’agit de l’ensemble tennistique installé porte d’Auteuil, à Paris. Et l’on me regarderait avec un air bizarre si j’écrivais : « Samedi dernier, j’ai vu Roland Garros », puisque l’orthographe ainsi adoptée désignerait le fameux aviateur, depuis longtemps décédé… (Evidemment, il pourrait s’agir d’un parfait homonyme, qui, lui, serait vivant !)

Dès lors qu’il s’agit du nom d’un lieu  –  public, administratif, de surcroît  -, et non d’un nom de personne, entre autres, les traits d’union DOIVENT être indiqués ! (On ne tient pas compte des exigences de La Poste, qui, pour se faciliter la tâche, prétend obliger les gens à faire des fautes d’orthographe, sur les enveloppes, dans les noms des personnes (pas d’accents) et des adresses (pas d’accents ni autres signes)…  )

On doit donc écrire :

l’avenue Victor-Hugo ; le square Georges-Brassens ; l’avenue du Général-de-Gaulle ; le boulevard Henri-IV ; la rue du 14-Juillet-1789 ; l’impasse des Trois-Canards ; la place de la Révolution-Française ; le chemin du Diable-Rouge ; la place des Martyrs-de-Châteaubriant ; l’avenue de la Ire-Armée-Française      (N.B. :  re = en exposant).

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