Archives mensuelles : janvier 2016

Le mot du 29 janvier 2016

L’articulet « dico » du jour  +  la question du jour  +  la citation du jour  +  le proverbe du jour  +  le (faux) proverbe du jour

 

Vendredi 29 janvier 2016

 

L’articulet « dico » du jour

trigaud(e) n. et adj.

Issu du bas latin trigari, dérivé de tricari, « chercher des détours », ce mot désigne ou qualifie celui (celle) qui use de détours, de ruses, de roueries, de finasseries.. : « À force de manœuvres, le trigaud conseiller départemental avait réussi à se faire coopter au sein du bureau directeur ».

 

*****

 

La question du jour

            « Quand doit-on dire « faire long feu » ? Je ne m’y retrouve pas : « les promesses du Premier ministre ont fait long feu » ou « n’ont pas fait long feu !?… »

Au sens propre, faire long feu a signifié, en parlant d’une arme à feu, « manquer son effet », « rater », parce que la mèche, après avoir brûlé lentement, s’est éteinte avant de permettre le tir. De nos jours, cette locution est employée, au figuré, pour désigner ce qui rate, ce qui échoue, après avoir traîné en longueur.

La forme négative ne pas faire long feu a pour acception moderne la plus usuelle  « ne pas durer, ne pas traîner » : « Il va s’occuper de votre matricule ! Ça ne va pas faire long feu ! ».

Dans votre exemple, on devrait avoir : « Les promesses du Premier ministre ont fait long feu », c’est-à-dire « n’ont pas donné de résultats »… Mais il est contestable, selon moi, de dire alors ainsi : « les promesses… ont échoué ». Faire long feu irait mieux avec des termes comme action(s), plan, réforme(s)… Avec promesses, il faudrait : « n’ont pas été tenues », « n’ont pas été concrètement suivies d’effets ».

Si l’on dit : « Les promesses du Premier ministre n’ont pas fait long feu », on pourrait entendre : « il y a eu très rapidement un rétropédalage sur ces promesses, qui ne seront pas tenues ». Mais cet emploi familier sera jugé incorrect par certains.

 

*****

 

La citation du jour

            « L’esprit est comme le parachute. Il ne nous sauve que s’il est ouvert. » (Louis Pauwels.)

 

*****

 

Le proverbe du jour

            « Les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l’aiguillon. »

 

*****

 

Le (faux) proverbe humoristique

            « Tout ce qui est à moi est à moi ; tout ce qui est à toi est négociable. »

Le mot du 28 janvier 2016

La bourde du jour

Jeudi 28 janvier 2016

M. Nicolas Hulot parle avec aisance, voire avec volubilité… De tous ses propos, on peut extraire des observations de bon sens. Ainsi lorsqu’il invite à ne pas confondre, chez des personnes, « capital de sympathie » et « capital de compétence ».

En revanche, il devrait surveiller la qualité de son français. Dire, comme il l’a fait sur France Inter, jeudi 28 vers 8 h 30, à propos de M. Hollande : « […] je lui en suis excessivement gré » est une bourde au carré. On y relève, en premier, la déformation de l’expression savoir gré (je vous en sais gré) en « être gré ». Ensuite, une formulation désopilante qui revient à dire : « Je sais gré de façon excessive au chef de l’État », « Je remercie bien trop M. Hollande… ». M. Hulot, qui sera bientôt en vacances, n’est-ce pas Jacques Tati, de sa mission d’  « envoyé spécial pour la protection de la planète », affirme donc qu’il se montre trop redevable, trop reconnaissant, avec excès !

Pour manifester son immense gratitude, ses grands remerciements, l’écologiste aurait dû employer des termes comme extrêmement, très, profondément…ou, en exploitant une veine lexicale populaire : diablement, foutrement, bougrement… ! ☺

Le mot du 26 janvier 2016

dérogations

 

Interviewée sur France Inter mardi 26 au matin – où elle a déclaré que la moyenne des heures travaillées était de 32 –, puis, l’après-midi, juste avant « Questions au gouvernement », sur France 3, où elle a répondu que c’était 39, Mme El Khomri, « ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social » *, a répété que la durée légale du travail, en France, était de 35 heures… sauf dérogations conventionnelles.

Les aménagements qui seraient apportés au Code du travail semblent bien multiplier ces dérogations… et la plus importante de celles-ci, en quelque sorte, serait le calcul de cette durée légale de 35 heures sur une période quelque peu floue pouvant aller au-delà d’un an, par le biais de la « modulation », du « déverrouillage », du temps de travail. Une rédaction des textes légaux plus conforme à la réalité serait donc de dire : « En France, la durée MOYENNE légale du travail, par semaine, est de 35 heures »… J’ai montré il y a quelques jours comment, avec le même raisonnement, Alphonse Allais arrivait à obtenir des « alexandrins » avec des vers de 6 ou de 19 pieds !

En adaptant les horaires des salariés du secteur privé aux pics d’activité de leur entreprise, la « modulation » aboutit sans doute forcément à la quasi-disparition des heures supplémentaires, mais devrait permettre d’éviter les périodes de chômage technique, voire des licenciements, quand l’activité est en berne. Cela ne s’appliquera sans doute, dans la pratique, qu’à certains secteurs de l’industrie, du commerce, etc. Les dérogations sur le temps de travail entraîneront donc des « sous-dérogations »…

Les dérogations – au sens propre : « actions de déroger à une loi, à des règles, à une autorité… » –  apportent-elles un bien ou multiplient-elles les inégalités ?… Sans doute l’un ou l’autre, et c’est pourquoi pouvoir exécutif et pouvoir législatif doivent soupeser au trébuchet, le plus finement possible, leurs conséquences.

                                                                                         Jean-Pierre Colignon.

 

*Avez-vous remarqué combien, dans ce ministère, l’intitulé de la fonction de nombreuses éminences est d’une longueur impressionnante ?

Le mot du 25 janvier 2016

INFORMATION : comme l’an dernier, la dictée du 9 mars à la Mairie du 7e arrondissement de Paris est au coeur d’un petit « Salon de la langue française », que je concocte avec le service culturel et événementiel. Le programme, qui comportera des animations pour les juniors, sera établi ces tout prochains jours.

 

                                   *****

 

La question du jour + la bourde du jour + la citation du jour + le proverbe du jour

 

La question du jour

            « Faut-il continuer à faire, de nos jours, une différence entre « médire » et « calomnier » ? »

Bien évidemment, car la différence est de taille !… On médit de quelqu’un en divulguant ce qu’on sait (… ou qu’on croit savoir) de lui en mal. Ce n’est déjà pas très joli de raconter tous azimuts quels sont les travers, les défauts, les faiblesses, les tics, etc., d’autrui, et il faut toujours avoir en tête l’histoire de la paille et de la poutre. La médisance relève-t-elle de la diffamation… et du Code pénal ? Il semble que les avis soient partagés, selon les cas…

Mais la calomnie, elle, est un délit beaucoup plus grave, consistant à attribuer à quelqu’un des fautes, des méfaits qu’il n’a pas commis. Ces accusations mensongères peuvent être lourdement sanctionnées par le juge… La dénonciation calomnieuse, sauf erreur, peut être punie, dans des cas très graves, de 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

 

*****

La bourde du jour

            Sur Radio Classique, lundi 25 janvier, lors du bulletin d’information de midi, une journaliste a annoncé d’un ton pas très résolu que « tout va être résous (t *) »… Il ne faudrait pas enchaîner, un jour prochain, par une autre annonce affirmant que « l’Assemblée nationale dissolue par le chef de l’État (le pays n’est pas précisé) sera remplacée par un Conseil des régions » !

_________

*Étant donné le manque de sûreté sur la conjugaison, on peut aussi imaginer une hésitation sur l’orthographe…

 

*****

 

La citation du jour

               « Tout le monde est en faveur d’économies générales et de dépenses particulières. » (Anthony Eden.)

 

*****

 

Le proverbe du jour

               « Trois choses font connaître un homme : la bouteille, l’argent et la colère. »

Le mot du 23 janvier 2016

contre-productivité

 

            La direction de France 3 fait la chasse aux « émissions pour les vieux » (à certaines, en tout cas) et aux présentateurs-animateurs qu’elle estime ringards… « 30 millions d’amis » est ainsi brutalement supprimée, officiellement pour cause de « non-renouvellement de son image ». L’argument est à soupeser avec objectivité, naturellement, mais la chaîne publique supprime donc ainsi l’émission consacrée au monde animal, à ces « êtres vivants et sensibles » (vote du Parlement, 28 janvier 2015).

Une émission ringarde, « pour les vieux », pour les retraités (étant donné l’heure de diffusion), et maintenue sur France 3, c’est bien « Questions au gouvernement »… Cette succession rapide de questions convenues et de réponses non moins convenues (avec les sempiternelles civilités : « Monsieur le président, messieurs et mesdames les députés, Madame (ou Monsieur) la députée (le député) Tartempion, je… ») ne présente pas le moindre intérêt, n’apporte aucune information. C’est bien l’opinion de la quasi-totalité des élus présents, qui n’écoutent pas, qui blaguent entre eux, qui sont plongés dans une sieste postprandiale, qui font leur courrier, qui lisent le journal, qui twittent à longueur de séance, etc.

J’invite quiconque n’a jamais regardé cette diffusion en direct à juger combien est contre-productive pour la République, pour la démocratie, le spectacle affligeant et grotesque donné par un trop grand nombre d’élus d’une Assemblée pléthorique (quand ils sont tous là…). Ce comportement désastreux irrite les plus sérieux et les plus travailleurs des députés (quel que soit leur parti), qui voient bien – et certains l’ont dit – la contre-productivité de cette « émission » donnant du pouvoir l’image d’une « démocrassouille » et contribuant au rejet de la République.

Concours janvier 2016

CONCOURS DE JANVIER 2016 (désolé pour le retard de publication des 3 questions…)

Les réponses sont à envoyer avant le 5 février minuit.

1° Sur terre, Astérix et Obélix ont dû affronter l’homonyme masculin du nom féminin qu’ils auraient, dans l’Antiquité, pu affronter sur mer ( = un mot de 7 lettres, l’homonyme en a 6).

2° Dingbat (= une phrase constatant un fait qui manifestement n’est pas normal; cette phrase commence par un article défini suivi d’un substantif) : 

   A   OE  A  EE  OUEE  A  OOE

3° Quel écrivain français a imaginé le mot « tapotif » ?

*****

 

Le mot du 22 janvier 2016

peccavi

          M. Nicolas Sarkozy vient de faire paraître un ouvrage. Les commentaires des médias tournent principalement – voire exclusivement – autour de certains regrets qu’il y exprime … et cela mériterait aussi des commentaires.

Naturellement, les avis sont partagés sur la sincérité de cet acte de contrition. Vrai repentir ou calcul politique destiné à relancer une tentative de retour à l’Élysée ?… Regrets claironnés sur quelques points, pour faire oublier d’éventuelles erreurs ou fautes plus graves ? Là encore, selon l’opinion de chacun, ou les arrière-pensées de certains, les jugements sont d’ores et déjà divers. Peut-être même sans avoir lu ce livre signé par l’ancien chef de l’État.

Le terme le plus utilisé par les médias est mea culpa (ou mea-culpa, avec un trait d’union). En latin, mea culpa signifie littéralement « par ma faute », et figure dans la prière catholique du Confiteor, prière par laquelle les fidèles confessent leurs fautes. On dit donc couramment « faire son mea(-)culpa », ce qui s’exprime aussi par « battre sa coulpe », expression qui tend à disparaître du langage, au point de n’être plus reconnue par d’aucuns, qui la remplacent erronément par « battre sa coupe » ! En prononçant le Confiteor, on se frappe la poitrine pour battre sa coulpe, c’est-à-dire son péché, sa faute…

Le vocabulaire employé par les commentateurs place en premier mea(-)culpa, puis se répartit entre regrets, remords, repentir, repentance, contrition… à propos d’erreurs, de fautes, de bourdes, de faux pas, de bêtises… Pour reprendre un « truc » cher au général de Gaulle – utiliser un mot peu employé, pour obtenir l’attention des médias béats et frapper, voire captiver, l’opinion publique en amusant le bon peuple, pour « faire le buzz » –, je suggère aux journalistes et aux politologues d’employer… peccavi. Signifiant « j’ai péché » en latin, ce substantif noté dès la fin du XIIIe siècle dans un texte français (« dire peccavi ») est un synonyme de contrition, aveu des péchés, mea(-)culpa : « un bon peccavi, et tout sera oublié ! ».

Dictée du 12 mars 2016

Précisions :

La 12e dictée ludique de Tours, organisée par la délégation tourangelle de Défense de la langue française, se déroulera, le samedi 12 mars, à 14 h 30 (validation des inscriptions à partir de 14 heures), à l’amphithéâtre de la DDEC, 33, rue Blaise-Pascal (en face des cinémas CGR; tram : arrêt « Gare »).

Inscription obligatoire avant le 10 mars (= nombre de places limité) : au 06 83 24 65 33 et, par courriel : dicteecolignon.dlf37@laposte.net

Dictée du 9 mars 2016

INFORMATIONS : La dictée de la Mairie du 7e arrondissement se déroulera le mercredi 9 mars, à la mairie.

Le concours de culture générale, organisé avec l’UCIAP du 7e et l’AMOPA, au lycée La Rochefoucauld (7e arr.), aura lieu en fin mars ou en avril (la date va être fixée dans les tout prochains jours). 

Le mot du 20 janvier 2016

La question du jour + l’articulet « dico » du jour + les citations du jour + le proverbe du jour + le mot d’esprit du jour

Mercredi 20 janvier 2016

 

La question du jour

            « L’expression « chaud bouillant » employée sans cesse par des animateurs et présentateurs d’émissions télévisées, et par des journalistes sportifs, nous sort par les oreilles ! N’y a-t-il pas des équivalents à suggérer à ces personnes au vocabulaire très réduit ? »

Chaque époque a ses « mots dans le vent », ses expressions à la mode, ses lieux communs qui agacent par leur utilisation outrancière, systématique, relevant d’un psittacisme machinal qui échappe à ceux qui y ont recours. Il faut se faire une raison, et attendre que ce phénomène se dissipe… pour laisser la place à d’autres tics de langage. Néanmoins, il n’est pas du tout interdit de lutter contre ces manies langagières, en attirant l’attention des locuteurs sur leur « scie ». Les plus intelligents en prendront conscience, et veilleront à ne plus utiliser à l’excès ce « chaud bouillant » qui… échauffe les oreilles de leurs auditeurs.

On peut suggérer l’emploi de : surexcité, surchauffé, énervé, survolté, enflammé, excité, déchaîné, enthousiaste, fébrile, bouillonnant, ardent, sur le gril, frénétique, électrisé, entre autres, et selon le degré de la « chaleur » ! ☺

 

*****

L’articulet « dico » du jour

voussoyer v. tr. dir.

Ce verbe est un synonyme peu usité de vouvoyer. Il prend deux s, mais le substantif peut en perdre un facultativement, cf. le Petit Robert : voussoiement ou vousoiement. Vouvoiement est largement plus employé.

 

*****

Les citations du jour

            « On ne devient pas vieux parce qu’on a vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a renoncé à son idéal. » (Général Douglas MacArthur.)

 

« Soyez polis envers tous, mais intimes avec peu. Et choisissez-les bien avant de leur faire confiance. » (George Washington.)

 

*****

Le proverbe du jour

            « Rien ne vaut l’intelligence, mais un bon produit de remplacement est le silence. »

 

*****

Le mot d’esprit du jour (mais pas « du jour » !)

            « Quand X… n’est pas de mon avis, ça m’afflige pour lui ; quand il est de mon avis, ça m’inquiète… pour moi ! » (Aurélien Scholl, 1833-1902.)

Journaliste, critique, chroniqueur, auteur dramatique, Aurélien Scholl fut un esprit très brillant, à l’humour souvent cinglant. Ses « bons mots » sont légion.