La question du jour (et la réponse)
« Cher Monsieur Colignon,
Désolé de revenir vers vous en pleine trêve des confiseurs.
Je lis un texte où il est question de tableaux. À un moment, il est écrit : « À Chambord furent transportés La Belle Jardinière de Raphaël et La Femme hydropique de Gérard Dou.
L’auteur a-t-il raison d’écrire « transportés » (accord de syllepse avec « tableaux », sous-entendu), ou aurait-il dû écrire « transportées » (rapport aux titres des œuvres) ?
Merci et bonnes fêtes à vous ! »
C’est une question qui embarrasse : on hésite à écrire que les Deux Orphelines sont plus grosses que les Trois Mousquetaires, parce que cela provoque le rire. Et, de même, « Rends-moi l’Échelle de Jacob que je t’ai prêtée ! »… Pourtant, normalement, avec des titres commençant par le ou par la, on ne devrait pas hésiter : « la Joconde a été volée ! »… Avec des titres de ce type, l’accord sur le genre et le nombre l’emporte le plus souvent : « Phèdre a été jouée hier », « Les Misérables ont marqué tous ceux qui les ont lus », « Madame Bovary a été adaptée plusieurs fois au cinéma »… Mais l’accord sur des termes sous-entendus comme roman, pièce, nouvelle, film, etc., n’est pas rare. Il n’y a pas de règle ! (Avec d’autres types de titres, il est aisé de trancher : « le Rouge et le Noir EST une œuvre de Stendhal », « Paul et Virginie appartient à un style romanesque daté… ».)
Chacun peut donc opter pour la version qu’il ressent, qui passe le mieux « à l’oreille »… si cela n’enfonce pas trop une porte ouverte (éviter de dire : « le roman les Misérables »; en revanche, « Les Misérables est un roman majeur de la littérature » passe sans problème).
Merci, et très bonnes fêtes de fin d’année à vous également.