Le mot du 10 octobre 2017 (1)

La question du jour (et la réponse)

 

 

          « Dans un ouvrage à corriger sur un musicien de renom, je rencontre très souvent la mention du « grand prix de Rome », munie tantôt de majuscules, tantôt de minuscules.
Je crois avoir fait le tour des ouvrages en ma possession, mais je ne parviens pas à arrêter ma politique à ce sujet. Faut-il, selon vous, écrire « Grand Prix » lorsque l’expression n’est pas suivie de son complément, et « grand prix de Rome » lorsqu’elle est complète ? Ou bien mettre des majuscules uniquement lorsque l’on désigne la manifestation (très rarement, en réalité), et des minuscules lorsque l’on parle de la récompense (« il était grand prix », « je concourus pour le grand prix », etc.) ?
Voilà. Je serais heureuse d’avoir votre avis sur cette question, et vous remercie d’avance de vos lumières ! »

 

On peut en effet, chargé de nombreuses années d’expérience, avoir des lumières sur quasiment tous les problèmes de l’orthotypographie, et ne pas pouvoir trancher péremptoirement dans certains cas, parce que c’est tout simplement impossible tellement l’usage flotte ! Alors, on tranche… arbitrairement.

Pour « prix Nobel », tout le monde, ou presque, est d’accord : « prix Nobel » pour la récompense, « Prix Nobel » pour un(e) titulaire d’un prix : « Le prix Nobel de littérature a été attribué à Serge-Jean Major »,  « Le tout récent Prix Nobel de littérature sera présent au Salon du livre ».

Pour « grand prix »,  locution que l’on retrouve un peu partout : en sports, en hippisme, en cuisine, en arts, en littérature, dans la mode, etc.,  il y a de multiples usages, mais aucune règle…

Contraire aux normes du français, « Grand prix » ne peut pas être usité, puisque le substantif est derrière l’adjectif.  Il faut choisir entre « grand prix » et « Grand Prix ».

Souvent, mais non constamment, on adopte « Grand Prix » quand la dénomination se réduit à ces deux mots, et « grand prix » lorsque d’autres termes figurent : le grand prix d’interprétation masculine, le grand prix de Spa, le grand prix du boudin aux truffes… Mais l’usage varie fortement : on trouve en concurrence, selon les organisateurs et/ou les médias, des grand prix de la critique, Grand Prix de la critique, grand prix de la Critique ou Grand Prix de la Critique…  Il faudrait consacrer  –  sans doute sans grand intérêt pour 99,9 % des usagers du français  –  des pages et des pages à exposer les différences d’usage tangibles ou imperceptibles entre la formule 1, l’hippisme, les différents sports, les arts, la littérature, les concours locaux, les compétitions de produits régionaux, etc.

Le plus souvent, on adopte arbitrairement une « marche » de travail, et l’on s’y tient constamment, dans un livre, dans les pages d’un journal, dans un site Web…

Il est très rare de mettre deux majuscules quand on désigne un(e) titulaire d’un grand prix. On voit plutôt : « Le grand prix de Rome a été fêté dans sa ville natale ».

Sauf erreur, il me semble que grand prix de Rome est plutôt majoritaire dans l’usage, que ce soit pour désigner le prix ou les titulaires de ce prix, et que l’on garde les deux minuscules lorsqu’il y a abréviation en grand prix… : ce grand prix de Rome de peinture ;  le premier grand prix de Rome fut décerné à X… ; seul le premier grand prix de Rome bénéficiait d’un séjour en résidence… ;  les lauréats du grand prix ; le premier second grand prix (oui, cela existe, et pousserait à écrire : « le premier Second Grand Prix » !…, qui par rebonds logiques entraînerait « le(s) Grand(s) Prix »,  « le premier Grand Prix », voire « le premier Premier Grand Prix » !).

 

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