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Le mot du 5 juillet 2014

sprint

            « Et, à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent ! » Il est trop tôt pour savoir si la Mannschaft (tout bêtement, en allemand : « l’équipe » ; ici, le mot étant le surnom de l’équipe nationale allemande : « l’Équipe ») va remporter l’édition 2014 de la Coupe du monde de football. Rappelons que cette épreuve fut créée à l’initiative d’un Français, Jules Rimet, qui fut durant de longues années président de la Fédération française de football, et président de la Fédération internationale de football association. Ancien combattant de 1914-1918, dès les années 1920 il voulut faire du football un outil au service de la paix, notamment par l’organisation d’une Coupe du monde. La première édition, en 1930, disputée en Uruguay par treize équipes, vit la victoire de… l’Uruguay.

           On pourrait ajouter, en ce 5 juillet : « Au début, ce sont les Allemands qui gagnent ! ». C’est en effet un cycliste d’outre-Rhin, au prénom bien français, Marcel Kittel, qui a gagné la première étape de la Grande Boucle 2014, en Grande-Bretagne, plus précisément en Angleterre, dans le Yorkshire. Cela à l’issue de cet effort bref et intense que l’on désigne par un mot… anglais depuis longtemps intégré à la langue française : un sprint !

            C’est dans les années 1860 que le terme apparaît en France, au sens de « bref et intense effort de pleine vitesse fourni au cours d’une épreuve sportive », notamment à proximité de l’arrivée.

            Le verbe sprinter (de l’anglais to sprint, « sauter, s’élancer ») s’est intégré au français depuis le début du XXe siècle via des journaux comme l’Auto. (Si le maillot du premier du Tour au classement général est jaune, c’est par référence à la couleur des pages de ce journal, dont le rédacteur en chef, Henri Desgrange, créa le Tour de France cycliste.) Une des bibles des amateurs de sport fut durant plusieurs décennies Miroir Sprint, un journal attaché à la figure de son directeur Maurice Vidal et à celle du fameux dessinateur Pellos (bien connu, par ailleurs, comme illustrateur des aventures des Pieds-Nickelés*). Prenant le sous-titre de Miroir du Tour pendant que se déroulait la Grande Boucle, et célèbre pour ses pages vertes, bleues, ou bistre ou sépia, et ses très nombreuses photos, Miroir Sprint atteignit des tirages remarquables dans les années 1950-1960 : de l’ordre de 400 000 exemplaires.

*  Ou : Pieds Nickelés, sans trait d’union. Les auteurs et éditeurs n’ont pas suivi une unique graphie. Rappelons qu’ « avoir les pieds nickelés », en argot de naguère, signifiait : « être paresseux », « ne rien faire, comme si l’on avait les pieds rivés au sol » !